American dream / Laureline ELIOT
Laureline ELIOT n'est pas une inconnue pour qui connaît la plateforme Fyctia. Je l'ai découverte lors d'un précédent SP pour son 1er titre VertiG qui a remporté le concours EMPRISE. Lorsque American Dream a été présenté, comment ne pas fondre devant cette couverture minimaliste mais tellement accrocheuse, qui annonce la couleur : apporter du soleil et de la douceur dans notre lecture. Et Laureline a gentiment accepté de m'envoyer son livre, paru en auto-édition pour que je le découvre. Merci pour ta confiance.
American Dream ou le rêve américain ! Beaucoup l'ont imaginé mais combien l'ont réellement réalisé ?
Julianna dite Jule, jeune française de 25 ans vit ce rêve à sa manière dans sa campagne française. Elle n'est pas une surfeuse blonde en bikini rouge avec des orchidées blanches évoluant sur les vagues californiennes mais une restauratrice petite et brune, propriétaire d'un diner en France, passionnée par la Californie et les Beach Boys.
Sa vie se résume à son travail "Chez Jule" et à Sarah, sa meilleure amie qui aimerait la voir vivre en adéquation avec son âge. Lorsque quatre bikers américains poussent la porte de son diner, sa vie va être bousculée et cette rencontre pourrait être décisive. Bienvenue chez Jule !
Des rêves à la réalité, à quoi ressemble le rêve américain ?
Une fois l'euphorie passée, que restera-t-il de cette rencontre outre-Atlantique ?
Ce roman annoncé comme un feel-good estival m'avait tapé dans l'œil avec son résumé vraiment attrayant. Lorsque j'ai tourné les premières pages, j'avoue que j'ai eu un moment d'hésitation : l'auteure a choisi une narration à la 3ème personne et je ne suis pas du tout friande de ce style. Mais j'ai persévéré car je savais qu’il pouvait en ressortir quelque chose de bien malgré tout.
J’ai eu beaucoup de plaisir à retrouver Laureline qui nous offre un beau moment de lecture, en toute simplicité. Pas besoin de réfléchir, juste se laisser porter. Personnellement, je ne pense pas que ce soit un roman estival spécifiquement puisque l’histoire traverse les saisons. Il n’est pas écrit de manière à lui attribuer un moment particulier de lecture – bon clairement, ce n’est pas une romance de Noël -. Simple avis personnel !
Ce livre est typiquement du style à comporter plein de bons ingrédients et je ne vous parle pas de cuisine. En première place, l’idée de base qui est vraiment très originale et tous les éléments qui vont graviter autour. L’auteure a créé une histoire bien construite où les évènements s’enchaînent de manière assez cohérente. Mais il m’est arrivé de rester dans l’attente de quelque chose qui ne venait pas : comme si les chapitres ou certaines scènes se terminaient de manière trop abrupte ou comme si certaines choses étaient survolées alors qu’elles auraient mérité quelques lignes supplémentaires. C’est le genre de ressenti qui est très difficile à expliquer sans blesser l’auteure ou s’attirer les foudres des lectrices qui ont eu un coup de cœur.
La chose que j’ai vraiment aimé, au fil des chapitres, c’est le soin qu’a apporté l’auteure à la création de ses personnages et à l’univers dans lequel ils évoluent. Impossible de trouver à redire de ce côté-là. Et bien sûr, en tête il y a Jule, personnage très touchant qui ne conçoit pas qu’on ne puisse pas l’aimer – bizarre dit comme ça -. Elle a grandi entourée d’amour, elle en donne beaucoup aussi donc pourquoi ne l’aimerait-on pas ? Elle a mis dans ce projet, tout ce qui lui restait d’un passé heureux, trop tôt bouleversé par la disparition d’un père aimant.
"Elle a réalisé certains de ses rêves et en a abandonné d'autres en chemin. Le plus important a ses yeux est qu'elle n'a jamais cessé de rêver, pour elle et pour les autres"
Jule est totalement dévouée aux autres ; s’oubliant elle-même jusqu’à avoir mis de côté toute vie sentimentale. Son diner c’est un peu « la maison du bonheur » pour ses habitués. Entourée d’une équipe de choc, elle est aux petits soins pour eux. Restauratrice, elle ne cuisine pas ; elle laisse cet art à Gaston, son cuisinier et ami et à Sarah, sa meilleure amie, fournisseur officiel de son délicieux Cake au caramel dont personne ne laisse jamais une miette. Ce gâteau est même, à lui seul, un personnage à part entière tant il est présent au fil des évènements.
Au travers des personnages de Gaston, de Mathilde son épouse et de Sarah, le thème de l’amitié a une belle place et l’auteure l’a très bien traité. A ceux-là vont venir se greffer Oscar, un très jeune critique culinaire spécialisé dans le sucré et Barnabé BIDON, ancien instituteur qui a une manière bien à lui de calmer les gens. Ils vont tous créer une solide unité autour de Jules, prouvant ainsi que l’amitié peut être sans limite. Il y aurait beaucoup à dire sur tous ces personnages si on voulait les développer mais s’il ne faut en retenir qu’un ce serait Sarah évidemment. Lorsqu’on découvre les liens qui l’unissent à Jule, on comprend le pourquoi d’une telle amitié.
« Sarah avait fait du retard un art de vivre »
Et puis, il y a le fameux groupe d’amis américains débarquant dans cette petite bourgade française. A sa tête il y a le séducteur « Cap », le sage « Franck », le très discret « Big Stan » et le mystérieux voire énigmatique « Spencer » qui fait de si belles choses avec ses mains. Concernant ce petit groupe et notamment leur leader, je suis restée un petit moment dubitative car je n’arrivais pas à voir où l’auteure voulait m’emmener ; surtout lorsqu’on apprend qui est « Cap » - non, non, je ne vous dirais rien ! -. Une romance se dessinait-elle à l’horizon, avec qui et surtout comment la matérialiser dans une telle histoire ? Ce point-là, un peu laissé au second plan, a été une petite déception pour moi qui attendait autre chose de plus romantique sûrement. Malgré ça, cette bande d’amis apporte sa US Touch et permet une belle évasion Outre-Atlantique , notamment avec leurs expressions franco-américaines. Jule n’aurait pas pu rêver mieux pour vivre son rêve américain !
« C’était fou comme son visage s’illuminait. Il en devenait vraiment craquant. Ses cheveux en bataille et sa barbe de trois jours, accentuaient l’effet. Une injustice flagrante entre les hommes et les femmes. Chez les uns, ce petit côté débraillé leur conférait un certain charme alors que chez les autres, cela donnait juste envie de se cotiser pour offrir une brosse »
Malgré quelques points qui m’ont un peu « chagrinée », American Dream est tout de même une histoire pleine de fraîcheur et de légèreté et avec beaucoup d’humour et de tendresse. Mais mon avis est que la narration à la 3ème personne, notamment sur un feel-good, a parasité ma lecture et lui a retiré de la spontanéité dans certaines situations. Situations qui auraient pris une autre dimension et auraient été perçues et vécues – par moi en tout cas – de toute autre manière.
« Si j’avais su que j’avais une tronche de primate, j’aurais fait un ravalement total ! »
Ce n’est absolument pas une déception que d’être partie à la découverte de l’histoire de Jule et que ce rendez-vous ne soit pas à la hauteur de mes attentes. Je ne suis pas parole à forcément suivre et je vous le recommande tout de même, surtout si vous n’avez aucune préférence en matière de narration. Il a su trouver son public, c’est bien là le principal pour cette auteure qui a un talent d’écriture indéniable.