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Tyran (Kingdom - T.2) / T.M FRAZIER
C’est par une très belle dédicace de l’auteure que débute ce livre, qui forcément m’a touché ; et je ne peux m’empêcher de la partager avec vous :
« Je dédie ce livre à mon Popop et à tous ceux qui doivent vivre quotidiennement
sans l’amour de leur vie à leur côté »
C'est en état de choc et de totale incompréhension que se sont retrouvés King et Doe à la fin du premier tome. Et soyons honnêtes, il ne peut en être autrement pour le lectorat qui a pris un sacré coup aussi.
D'où l'importance d'avoir la suite à portée de main. On ne peut pas ne pas vouloir la connaître immédiatement. Si vous êtes restés de marbre et sans fébrilité aucune, honnêtement je ne comprends pas. Et je ne peux rien faire pour que ça change.
Quand on attaque ce second tome, le voile a été levé sur l'identité de Doe mais pas sur les zones d'ombre qui persistent sur son histoire passée. Nous savons qui elle est mais elle, elle n'est pas plus avancée : elle ne se souvient toujours pas. C'est un long travail qui s'annonce dans un monde qui lui est devenu étranger, face à des étrangers.
Nous nous souvenons aussi dans quelle situation, plus que délicate, se trouvait King dont on pourrait imaginer un rôle diminué. Il n'empêche que c'est sûr la même trame narrative que se déroule l'histoire. Les interventions de Doe sont nettement plus nombreuses (22) que celles de King (13), ce qui est tout à fait justifié vu la tournure que prend l'histoire. Ce que j'ai trouvé intéressant, c'est que l'auteure conserve Doe comme prénom, sauf dans certains passages spécifiques. Comme pour affirmer un choix de vie que Doe aurait pu faire ou tout simplement parce que son amnésie est toujours présente.
Et si le pire était de se souvenir de son passé ?
Le rythme du premier tome s'était pas mal accéléré sur la fin et là, l'auteure ne perd pas de temps ; elle nous entraîne au cœur d'un univers qui ne vaut certainement pas mieux que celui que Doe a quitté. Et nous fait continuer sur une fluidité de lecture déconcertante en nous manipulant de manière insidieuse ; TYRAN étant principalement axé sur une intrigue finement amenée et chargée en rebondissements tellement époustouflants, qu'il est impossible de les anticiper. Savoir à quoi se rapporte le titre choisi n'est vraiment pas évident.
« Chaque fois que, naïvement, je crois possible de démêler ce gigantesque nœud, il se resserre, étouffant chaque centimètre d’espace vacant autour de moi, s’enroulant autour de tout espoir de trouver du positif dans le fait que je suis en vie »
Au-delà d'un travail sur sa mémoire, c'est aussi un retour, aux sources, difficile que Doe va devoir faire, en sachant que la donne n'est plus la même. De nouveaux personnages viennent s'incruster, certes, mais il y en a un qui est toujours bien présent et pas le moindre: le charismatique King. Et il est impossible de ne pas composer avec lui. La force de leurs personnalités reste inchangée et le lien qui les unit est d'intensité qui n'a pas faiblit. Malgré les embûches et certains malentendus, au fil des pages, la force de leur amour ne sera jamais vraiment remise en question. Heureusement, ça aurait été inapproprié !
« Je ne m’attendais pas à tomber amoureuse de King. Mon ravisseur, mon bourreau, mon amant, mon ami, mon univers »
Lorsque le passé demande des comptes et veut reprendre une place qu'il estime légitime, l'affaire s'annonce compliquée. Sur fond de secrets bien enfouis, de desseins purement politiques, de sentiments simulés, l'auteure emmène ses héros au cœur d'un sacré combat où les armes ne sont pas toujours de taille égale. Et c'est de manière logique, lorsque passé et présent se connectent, que l'auteure a inséré des flashbacks qui vont avoir un réel impact sur le présent, voire le futur, de l'histoire.
« Je sonde mon esprit et mon cœur, en quête d’une réponse dont je n’ai jamais douté malgré le chaos, les mensonges et les malentendus »
A présent que l'on connaît l'âge de Doe, dont on se doutait un peu, on ne peut qu'être admirative de ses réactions, de ses décisions, des choix pleins d'humanité qu'elle fera et des sacrifices qu'elle sera prête à faire au nom d'une valeur essentielle : la famille. C'était déjà un personnage courageux et fort ; là, elle a encore plus gagné en maturité.
« Je ne ferai pas semblant d’être un ange alors que je suis tombée amoureuse d’un démon et que j’ai vécu avec lui »
Une belle part d'émotion accompagne cette lecture avec le personnage de Bear pour lequel j'ai eu tellement de peine ; que de souffrances endurées ! Mais aussi pour ce personnage du premier tome, que je ne citerai pas bien sûr, que j'ai aimé retrouvé, par petites touches discrètes.Merci T.M pour cette présence ainsi prolongée.
C'est vrai que cette duologie classée en New Romance peut être déstabilisante tant la notion de romance entre en conflit avec celle du suspens voire du thriller. L'auteure joue dangereusement, à plusieurs reprises, avec l'immoralité et la transgression des lois pour donner encore plus de force à ce qui dégage déjà une sacrée tension. Que l'on cautionne ou non les actes évoqués, le résultat est indéniable : c'est un très haut niveau d'écriture et à ce stade là, en tout cas pour moi, ça va au-delà de l'addiction !
Les émotions sont décuplées, la plume de l'auteure est toujours aussi rythmée, percutante et captivante et on se laisse prendre, avec délice, au piège de ce qui devrait nous repousser mais qui au final, nous fascine et nous attire. Et moi, j'en redemande avec la sortie tant attendue, en juin et juillet 2020, de BEAR T.3 & T.4, sur l'histoire du personnage du même nom.
Synopsis du tome 3
Elle a oublié son passé, elle pourrait être son avenir
Thia et Bear n'étaient pas faits pour se rencontrer et encore moins pour s'aimer, même s'ils partagent un passé marqué par la violence et les deuils.
Bear a quitté le club de bikers de son père. Solitaire, détruit psychologiquement par les conditions dramatiques qui ont conduit à le séparer de ceux qui étaient toute sa famille, il a oublié qu'il a fait la connaissance de Thia il y a des années.
Thia, au contraire, a retenu la promesse qu'il lui a faite de lui apporter son aide le jour où elle en aura besoin.
Ce moment est arrivé.
Alors, Thia va retrouver Bear et l'obliger à reconsidérer ses choix. Elle pourrait bien donner un nouveau but à sa vie.
King (Kingdom - T.1) / T.M FRAZIER
C’est à l’occasion du Festival New Romance 2018, à Paris, que j’ai découvert T.M FRAZIER, présente à cette occasion. Je me souviens que c’est la première auteure anglophone, à la rencontre de laquelle je suis allée. Sur place, j’ai acheté les deux premiers tomes de la série KINGDOM : King / Tyran. Des couvertures oh combien attirantes avec cette concentration de muscles et de tatouages sur un corps sculpté à la perfection et une typographie parfaitement choisie. Un ensemble visuel en parfaite correspondance avec le contenu qui nous attend.
Elle a oublié son passé, il pourrait être son avenir.
Que cachent les souvenirs oubliés ?
Dans ce premier tome, on découvre, dans des conditions sombres, l’histoire d’une très jeune femme, Doe. Depuis peu, elle vit dans l’enfer de la rue, livrée à elle-même, n’ayant plus rien, ni même de souvenirs pour savoir qui elle est. Et surtout, elle est affamée. Sur les conseils d’une prostituée junkie, Nikki, elle va s’introduire dans la maison de King, récemment sorti de prison, à l’occasion d’une soirée qui y est donnée, avec un seul but : être repérée par un biker qui la prendrait sous sa protection afin de lui offrir un toit, la sécurité et de quoi se nourrir. Mais Doe est loin d’imaginer dans quel univers elle entre et que la tâche va s’avérer risquée et plus compliquée qu’il n’y paraît.
Attention : comme il est bien précisé au début du livre, dans la note de l’éditeur : « Ce livre contient des scènes susceptibles de heurter la sensibilité du lecteur ». Et ce n’est pas peu dire si vous n’aimez pas ce type d’ambiance littéraire majoritairement sombre.
C’est dans un univers assez impitoyable et glauque que T.M FRAZIER a posé le décor de cette histoire qui n’a rien d’un conte de fées. Dans ce premier tome, elle a choisi une narration à deux voix, assez inégalement répartie puisque les interventions de Doe (19) sont plus nombreuses que celles de King (11). Alors que c’est justement avec lui qu’on fait connaissance, en premier, au travers d’un prologue évoquant son passé et qui a une importance indéniable.
Brantley KING, jeune garçon de 12 ans, en totale rupture familiale sait que lorsqu'il sera grand, il ne devra de comptes à personne. Lorsqu'il prend la défense de Samuel, battu dans la cour de l'école, une amitié va se construire. Et forts d'être parvenus à leurs ambitions de gosses, c'est 15 ans plus tard qu'on le retrouve dans une vie qui l'a maintes fois fait passer par la case prison, dont il sort une fois encore : lui est devenu King ; Samuel est devenu Preppy.
Dès le premier chapitre, accrochez-vous, l’auteure nous met dans le bain d’un style très particulier, d’un univers où dominent l’alcool, la drogue et le sexe brutal. Et surtout elle nous met en présence d’un personnage masculin assez déconcertant. Asocial n’est peut-être pas le mot adéquat quoi qu’il n’en est pas loin. King est un mâle dans toute sa splendeur, il ne fait pas dans la dentelle et ses fréquentations sont loin d’être recommandables. Dès lors que son regard croise celui de Doe, toute sa vie pourrait bien être remise en question.
« Je fais ce que je veux de toi, et quand je le veux, parce qu’à partir de maintenant, tu m’appartiens, OK ? »
Car Doe, est un personnage vraiment énigmatique sous ses airs de fragile innocence. Je ne peux rien vous raconter d’elle car sa mémoire n’est qu’une page blanche sur laquelle une nouvelle histoire est à écrire. Une chose est sûre, elle n’a rien de commun avec les femmes qui évoluent autour de King. Cette différence flagrante va le troubler au point qu’il voudra percer le mystère qui entoure Doe et ne pourra la laisser partir. Il sait qu’elle n’a pas sa place dans son monde et pourtant l’évolution de l’histoire montrera qu’il n’est pas au bout de ses peines dans sa lutte contre des sentiments en permanent revirement. J’ai craqué pour lui autant que j’ai pu le haïr parfois. Alors que Doe n’inspire pas du tout cette hésitation dans le ressenti même si elle a des moments de doutes, en liaison direct avec son amnésie.
« Il est temps d’arrêter de vivre pour celle que tu as peut-être été et de commencer à le faire pour celle que tu es aujourd’hui »
T.M FRAZIER n’a vraiment pas fait dans ce qu’il y a de plus simple en matière d’écriture. La complexité de l’histoire et des personnages, le contexte incertain et dangereux dans lesquels ils évoluent, le langage cru, violent et dérangeant, la mise en scène de situations dures à la limite du soutenable, les épreuves endurées mais aussi une belle sensualité qui arrive à émerger malgré tout ; tout est mis en œuvre pour créer un climat de tension quasi permanente qui joue avec nos nerfs. Et cet ensemble fonctionne très bien puisqu’il est impossible de lâcher le livre dont le rythme soutenu tient, de manière brillante, à l’intrigue qui se met doucement en place.
Même si on ne sait rien du passé de Doe, on ne peut pas nier qu’elle est l’exact opposé de King ; ça se ressent rapidement. Malgré le danger qu’il peut représenter, la peur qu’elle peut ressentir et l’atrocité de qu’elle va parfois subir, elle a cet instinct de survie qui la pousse à se battre et à rester à ses côtés. On ne sait pas comment elle était avant mais dans cette vie-là, elle n’a rien de celle qui s’apitoie sur son sort, elle va se révéler très courageuse et combattive. L’alchimie entre eux est évidente et la fascination est au rendez-vous avec le lectorat.
« Si j’avais le choix, j’aimerais mieux me réveiller demain sans savoir qui je suis, sans connaître toutes les conneries que j’ai faites, sans me rappeler à qui j’ai fait du mal. Je pourrais tout recommencer de zéro, être un homme neuf »
Les piliers de cette histoire sont, sans nul doute, King et Doe mais on ne peut pas ne pas y ajouter Preppy qui porte, à sa manière, une partie du déroulement malgré sa personnalité dérangeante voire malsaine, mais qui est d’une loyauté sans limite envers ceux qu’il aime. Ce personnage est extraordinaire et la belle amitié qui l’unit à King est tellement forte qu’on peut dire qu’ils sont frères de cœurs.
La force de ce roman tient aussi dans la plume de l’auteure qui est percutante et d’une incroyable qualité. Elle n’hésite pas à employer un langage qui peut choquer et heurter les sensibilités voire mettre mal à l’aise. Elle reste cohérente avec la trame qu’elle a choisie en mettant la dose massive de scènes dérangeantes explicitement détaillées, sans l’utilisation d’artifices pour en atténuer la dureté et avec lesquelles s’alternent des scènes sensuelles qui apportent la touche de douceur dont on a vraiment besoin par moment. Elle joue de manière brillante avec les sentiments de ses personnages et avec les émotions de son lectorat.
« Peut-être ne nous sommes-nous pas encore trouvés. Peut-être avons-nous décidé de nous perdre ensemble »
Elle brouille soigneusement les pistes nous empêchant de voir arriver les choses, elle nous malmène tous, nous entraîne dans une succession de retournements de situations, de règlements de comptes, de révélations fracassantes, nous prend au piège d’un rythme de lecture hors du commun et ce jusqu’à la dernière page où un cliffangher tant redouté, laisse sans voix. Elle ne nous laisse pas le temps de souffler et il est vraiment impératif d’avoir la suite à portée de main pour ne pas finir complètement désespérée.
A SUIVRE .........