C'est juste un collègue / Margherita GABBIANI
Alerte coup de coeur ! D'un simple clic sur une suggestion Instagram, j'ai découvert Margherita GABBIANI, auteure issue de Stories by Fyctia . En regardant son feed, je suis tombée amoureuse de la couverture canonissime de son premier roman "C'est juste un collègue". Le résumé a fini de me convaincre qu'il fallait que je découvre cette histoire. Et l'auteure me l'a gentiment envoyée.
Merci Margherita de m’avoir fait confiance pour tes débuts !
C'est dans la très belle ville de Lyon que Margaux, une jeune femme séduisante et brillante de 27 ans, a bien réussi sa vie. Des projets de mariage avec celui qui semble être une évidence, son fiancé Jean dévoué à son métier et bientôt un nouveau travail dans une start-up de webmarketing en pleine évolution, Kreatio, qui vient de la recruter. Seul bémol à ce tableau idyllique : son couple s'est installé dans une vie routinière qui n'est pas en adéquation avec l'idée que Margaux pourrait se faire de la vie d'une couple de trentenaire. Alors, lorsque la moyenne d'âge de Kreatio ne dépasse pas 30 ans et que l'ambiance est plus que détendue, la vie de la jeune femme esseulée, qui pourtant fait de gros efforts, pourrait bien prendre une toute autre direction. Mais attention à ne pas se brûler le cœur au jeu d'une passion fulgurante !
« Les couples qui existent avant Kreatio ne durent pas. Même si tu ne l’es pas en arrivant, tu finis inévitablement célibataire à un moment donné. C’est arrivé aux meilleurs d’entre nous »
Entre tentation et raison, qui emportera la bataille ?
Margaux sera-t-elle assez forte pour vendre son âme au diable sans risquer de tout perdre et de se perdre elle-même ?
Avec ce premier roman sur un thème osé et risqué, l'auteure fait une entrée détonante dans le monde de la romance sensuelle. Et quelle entrée ! Elle ne s'attaque pas à une douce romance à l'eau de rose, pleine de bons sentiments ; mais bien à un thème plus sombre d'où certains personnages pourraient ne pas ressortir indemnes : l'infidélité. Et lorsque l’infidélité revient au personnage féminin, c’est encore moins commun et peut-être moins pardonnable.
Infidélité et romance sont deux points totalement opposés de par tout ce que l'infidélité implique de sombre, de négatif. Et normalement, une romance doit faire rêver et non pas finir en dépression. Et malgré la connotation de triangle amoureux malsain qui se dégage de l'histoire, l'auteure est arrivée à me faire rêver avec le personnage masculin pour lequel je veux bien me mettre au café matin, midi et soir (et collation pourquoi pas !). Pour une fois, je ne vais pas révéler son identité ; ce serait gâcher l'histoire. Je vais juste l'appeler LUI Car il n'est pas celui auquel j'avais pensé au départ ; j'étais partie sur une méprise de taille mais ça, ça m’est vraiment propre.
Alors, petit détail qui a son importance : nous ne sommes pas là pour débattre de la légitimité ou non de ce thème. Je ne pense pas que ce soit le but de l'auteure. Ni de savoir pourquoi l’infidélité chez les hommes est moins décriée que lorsqu’il s’agit d’une femme. Et ce livre s'adresse à un lectorat qui a l'esprit assez ouvert. Pour les lectrices qui ont des idées bien arrêtées, ce livre les fera sûrement sortir, parfois, de leurs gonds. Comme ça a été le cas pour moi a plusieurs reprises. Mais pas avec le personnage de Margaux à qui il serait tentant de jeter la pierre car à l'origine de la situation.
« Ce que je fais, c’est mal ! Je joue avec le feu, je le sais. Alors pourquoi ai-je tellement envie de continuer et de voir où tout cela peut me mener ? »
Jeune femme réservée, elle va savoir s'intégrer rapidement dans son nouveau travail et se démarquer. Alors j'avoue que je ne me suis pas attachée plus que ça au côté "professionnel" de l'histoire. Il est important, certes, car c'est de là que tout part mais il est juste bien dosé pour ne pas prendre le pas sur le reste. Pas de passages soporifiques heureusement pour moi.
Sa rencontre avec LUI n'a pas été une évidence, dans le sens romance, puisque l'auteure a brouillé mes neurones avec certaines choses que j'avais tenues pour acquises. Et que je pensais être l'histoire en cours de construction. C'est un peu dommage car je pense que ça peut noircir le personnage de Margaux aux yeux de certaines lectrices.
« Mon regard bute contre un torse musclé, parfaitement moulé dans une chemise bleu marine. Ses yeux extraordinairement clairs me dévisagent sans pudeur. Je déglutis avec difficulté. J’aimerais bouger ou dire quelque chose mais je reste complètement figée »
Heureusement, Margherita a su se rattraper en donnant à LUI la place qu'il méritait. LUI il est la perfection au masculin. Je l'imagine beau, bien entendu, mais une chose est sûre il est craquant. Doux, attentionné, dès qu'il ouvre la bouche les anges passent et ses sentiments envers Margaux sont tellement beaux et sincères que n'importe quelle romantique aimerait entrer dans l'histoire.
« En dehors de son sourire taquin, la première chose que je remarque c’est ses grands yeux verts. Mais aussi sa barbe de trois jours et ses cheveux en bataille, qui lui confèrent un air négligé du style « Je sors juste du lit ». Pourtant sur lui, ça a un certain charme »
Ce personnage aux traits s'approchant de ceux d'un ange n'a aucun mal à faire fondre tant la description de Jean, le fiancé ou celle d'un autre protagoniste masculin, se rapproche plus d'un démon voire du diable. Dès le début, j'ai eu un gros doute sur Jean, modèle, à mes yeux, de machisme, d'égocentrisme et d'égoïsme. On peut dire que l'auteure l'a parfaitement soigné mais pas dans le bon sens. Et je n'ai pas su lui trouver une quelconque qualité ou un quelconque charme. Désolée Jean, je n'ai pas adhéré à ce que tu représentes à mes yeux. Il en faut toujours un, tu as été celui-là. Et pourtant ton histoire avec Margaux semblait tellement solide et romantique !
« Excuse-moi d’avoir besoin de souffler un peu et de ne pas être empressé de te sauter dessus comme un animal dès que je te vois ! En parlant d’animaux, c’est une vraie porcherie ici. T’aurais pas pu passer l’aspirateur ? »
Margherita aurait pu se contenter d'écrire son histoire sur un modèle de huis-clos sentimental, ce qui aurait certainement rendu un climat pesant et aurait changé la donne pour le ressenti. Elle n'en a rien fait heureusement. Et même si la facette psychologique est bien présente, elle n'en est pas dérangeante car elle est parfaitement travaillée.
Margaux ne veut blesser personne dans l'histoire ; ses sentiments sont sincères surtout envers Jean pour lequel on comprend assez tôt qu'un fossé les sépare quant à la suite de leur relation. Là où les torts sont partagés, il est impossible de blâmer l'un plus que l'autre. Même pas trentenaires, leur histoire a comme un goût amer de manque de passion et de pep's. Et à trop vouloir un bonheur qui se présente à portée de cœur, les prises de décisions seront parfois à double tranchant entrainant manque de discernement, doutes, culpabilité et dommages collatéraux. Ajoutés à cela des situations délicates, des animosités légitimes et une belle sensualité dans les règles de l’art, il m’a été impossible de ne pas comprendre Margaux dans ses peurs et ses espoirs, ses décisions impulsives et ses moments d’hésitation.
« Il faut que j’assume mes sentiments et que je finisse par être de nouveau en paix avec moi-même. Je ne peux plus vivre comme ça. Et advienne que pourra »
Dans ce roman, l'auteure a su montrer que la passion et la raison ne peuvent pas faire bon ménage. La première volant la vedette à la seconde. Elle soulève le questionnement "Quelle est la meilleure façon d'agir lorsqu'une passion dévorante chasse une passion éteinte ?" Et est-ce que fidélité rime vraiment avec exclusivité quel qu'en soit le prix à payer ?
« Les rumeurs ça se répand vite, et ton petit monde parfait pourrait rapidement voler en éclats »
Sur ce vaste thème de "l'amour et la fidélité" qui traverse les temps sans prendre une ride, il ne faut jamais dire jamais. Bien sûr, je ne suis pas concernée puisque j’ai eu le grand bonheur que l’amour ait été présent jusqu’aux tout dernier instant de notre histoire. Et surtout ne pas rester sur des acquis confortables et sécurisants. On se promet fidélité au début des sentiments amoureux. Tant que la passion consolide une relation, il n'y a pas grand risque effectivement. Mais lorsque la passion meurt pour renaître sous d'autres traits, nul ne peut assurer rester de marbre et résister. Homme ou femme, nous restons des humains faits de sentiments avant tout. Nul n’est à l’abri de franchir la ligne rouge. Et nul n’a le droit de juger qui a fauté.
« Le corps et l’esprit sont deux choses qui peuvent être totalement déconnectées »
J’ai adoré cette lecture qui bouscule certains codes et certaines certitudes en posant des mots justes sur des vérités dérangeantes et pour laquelle les ressentis ne pourront qu’être divers et variés ; tant en positif qu’en négatif. C’est le prix à payer pour un thème qui existe depuis au moins Marivaux – si ce n’est bien avant, depuis que l’amour existe - et qui évolue en même temps que nous, nous évoluons. J’ai adoré la belle et douce sensualité qui se dégage de scènes très bien écrites, j’ai adoré l’écriture simple et directe de l’auteure que j’espère pouvoir découvrir à nouveau très vite et cette fin qui sonne comme un renouveau, aux parfums de seconde chance sur des bases neutres.
« Je reconnais dans ses iris embrasés la même folie qui nous anime, et nous y succombons ensemble dans un dernier assaut qui me fait chavirer »
Même si certaines choses m’ont choqué à un point inimaginable, ça fait partie du deal dans ce genre d’histoire. Et c’est bien pour ça que j’ai tout aimé ; certaines imperfections pouvant être un atout. Et j’attends, avec une certaine impatience, mon exemplaire broché dédicacé qui aura toute sa place dans ma bibliothèque. Et pour lequel je ne saurais que trop vous conseiller de lui en trouver une dans la vôtre.
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