Mille livres en tête

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Déchéance - Saison 1 : Un monde à nous / Maze PERKINS

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« Eliza Lanson.


Un nom déclencheur de notre haine, qui appelle la vengeance.


Elle doit payer de sa vie, elle le sait.


Nous l'avons suivie, traquée, surveillée...
Aujourd'hui, l'heure est venue. Toutefois, le monstre caché en elle appellera le nôtre.


Entre haine, trahison, vengeance et violence, qui sortira vainqueur de cette bataille ? »

 

De la New romance à la Dark romance, il y a bien plus qu'un pas : un immense fossé sépare ces deux univers littéraires. Et le T.1 de "Déchéance" de Maze PERKINS en est la parfaite illustration. Un énorme merci à l'auteure pour m'avoir associée à ce Service Presse et pour avoir répondu à mes doutes et interrogations avant que j'écrive ma chronique sur ce roman qui m'a fait sortir de ma zone de confort de manière assez magistrale et comme jamais, pour le genre.

 

Il y a 17 ans, alors qu'elle n'avait que 11 ans, Eliza a vécu le massacre de ses parents et de son frère par un homme, Jasper ASPEN, qu'elle hait d'une telle force pour avoir fait d'elle "l'enfant qui a survécu".

 

« Les marques imposées par le Diable sont indélébiles aussi bien

à l’intérieur qu’à l’extérieur »

 

17 ans qu'elle tente de se reconstruire, d'aller de l'avant malgré ce rappel récurrent, chaque année, par des médias qui entretiennent le souvenir de ce qui l'a empêché de vivre pleinement sa jeunesse et de démarrer sereinement dans sa vie d’adulte.

 

« Je suis suffisamment courageuse pour affronter les monstres qui sont devant moi, pour subir ce que je dois endurer et tout ça sans me plaindre. Il y a bien longtemps que j’ai cessé de croire que me lamenter allait me faire avancer »

 

17 ans qu'elle se demande pourquoi elle, elle a survécu et qu'elle vit avec, en mémoire, la promesse que cet homme lui avait fait : il la retrouverait.

 

« Tu es la plus jeune, mais la plus courageuse. Ça me plaît. Tu vivras. Mais un jour, je t’arracherai la vie lorsque tu t’y attendras le moins »

 

Depuis, Eliza est devenue psy à l'hôpital psychiatrique d'Helena et elle a déjà eu à traiter certains sujets dont son premier patient pour lequel le diagnostic est sans appel : c’est un psychopathe et sociopathe dans la noirceur la plus profonde qu'il puisse exister.

 

La date anniversaire du massacre de ses parents approchant, Eliza a besoin de se retrouver seule, comme chaque année. Sauf que cette année, l'histoire ne sera pas la même : son passé semble vouloir la rattraper en mettant sur sa route les fils ASPEN, Kurt et Jake, qui ont décidé que la vie d'Eliza ne serait plus un long fleuve tranquille. Et que l'heure des règlements de compte avait enfin sonné.

 

Alors, est-ce que le moment est arrivé pour Jasper ASPEN de tenir sa promesse ? Mais pourquoi ne pas venir en personne ?

Est-ce qui s'apparente à une possible descente aux enfers apportera enfin les réponses aux questions d'Eliza ?

 

De la raison à la folie, le lien est bien mince. Alors bienvenue dans un monde dont vous ne ressortirez pas indemne, dont vous ne pourrez pas prétendre maîtriser tous les codes et qui engendrera toujours plus de doutes et de questions.  Alors prête ?

 

C’est sans aucune appréhension que j’ai démarré cette découverte du personnage d’Eliza qui a vécu le pire drame qui puisse survenir dans une vie, surtout dans la vie d’une adolescente. Et qui ne s’imagine pas que les 17 ans passés n’était qu’une période de sursis pour une fin annoncée comme inéluctable.

 

Je peux même dire que l’auteure a su capter mon attention dès le départ puisque l’histoire ne met pas de temps à démarrer : on se trouve très rapidement plongé dans le vif du sujet et au cœur des pensées et réactions, tour à tour, de ces 3 protagonistes qui vont évoluer dans un certain huis-clos qui n’a rien de vraiment romantique. Là, pour le coup, la suspicion de triangle à trois peut se révéler légitime. Même si ce n’est pas ce à quoi j’adhère, ce schéma va se révéler essentiel.

 

Le style d’écriture de l’auteure est parfaitement travaillé et finement approfondi jusque dans le moindre détail nécessaire à l’instauration d’une ambiance pesante et d’un climat qui engendre pas mal de sentiments différents. Force est de reconnaître qu’elle a une très belle écriture où aucune hésitation ne transparait. Le style est incisif, percutant, dérangeant voire déroutant. Je ne suis pas une experte en Dark Romance, voire je suis une novice qui ne joue pas dans la même cour que d’autres plus aguerries. Et résultat, l’impression d’être dans ce qu’il y a de plus Dark est bien présente ; ce qui semble faire passer le côté Romance, vraiment en second plan. Et pourtant…

 

« Dès qu’on accorde trop de confiance en quelqu’un, on lui donne la possibilité de nous faire du mal. Ressentir quelque chose pour quelqu’un nous rend vulnérable »

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C’est sur une psychologie très poussée et parfaitement mise à la portée des lecteurs – qui doivent avoir une certaine expérience du genre selon moi -, que l’auteure a construit son histoire, ses personnages et tout le cheminement qui nous emmène des Etats-Unis à l’Ukraine en passant par le Mexique, qu’il faut vraiment voir de l’œil des protagonistes. Comme me l’a expliqué l’auteure, toute personne saine d’esprit – comme vous et moi – ne peut ressentir et appréhender certaines choses de la même manière  qu’un être psychopathe et asocial qui vit dans son monde et dans sa bulle psychologique. Et ceci poussé à l’extrême jusque dans les scènes à connotation sexuelle. Pour peu que vous en ayez plusieurs qui se côtoient ou vivent ensemble, je vous laisse imaginer le résultat.

 

« Sa vraie arme, ce n’est pas un couteau, un flingue ou même ses poings, c’est son intelligence et sa capacité à s’adapter à toutes les situations, même les plus rudes »

 

J’ai parfaitement entendu et compris les arguments de l’auteure qui maîtrise son sujet mais il n’empêche que cette histoire m’a vraiment déstabilisée notamment dans la chronologie que j’ai parfaitement tenue jusqu’à un certain moment mais qui m’a un peu échappé ensuite par un jeu d’écriture qui m’était inconnu et que je n’arrive donc pas à assimiler.

 

Certaines choses m’ont interpellée de manière assez significative – bizarrement, ce ne sont pas les scènes auxquelles on penserait en premier –, des choses m’ont semblé aller vraiment trop vite, d’autres me sont apparues comme incohérentes alors qu’il n’en n’est rien et d’autres m’ont réellement mise mal à l’aise voire choquée – pourtant il en faut beaucoup pour que j’en arrive là - ; même si elles sont partie intégrante de la part psychologique des protagonistes, c’est un NO WAY pour moi et je l’assume parfaitement.

 

Je ne vais pas parler des personnages, ni même du déroulé de l’histoire car j’ai bien peur de franchir la ligne rouge du spoiler sur un tel genre. Car ce type d’écrit ne s’explique pas comme une romance classique ; il se lit tout simplement pour en connaitre les tenants et les aboutissants sur lesquels aucune chronique ne saura vraiment mettre les mots adéquats.

 

« Je ne culpabilise pas d’être en vie. J’aurais seulement préféré ne pas l’être »

 

Mais l’auteure a parfaitement monté son intrigue en intégrant tout ce qu’il faut de détails, de personnages, de situations en oubliant soigneusement toute légèreté mais en instillant un doute qui s’insinue sournoisement, pour que, même si le malaise est là, on poursuit la lecture sans en louper une ligne car la vérité est au bout et qu’on ne peut pas ne pas savoir. Elle joue subtilement sur les mots et avec la notion temps, ce qui fait qu’on est constamment maintenue sur un fil tellement fin qu’il pourrait céder et nous faire basculer dans des choses qu’on ne maîtriserait plus.

 

« Eliza est une grenade et jusqu’à aujourd’hui, la goupille tenait. Maintenant, tu tiens dans une de tes mains une grenade, et dans l’autre, la goupille. Quand elle va exploser, elle aura une force tellement puissante qu’une bombe nucléaire te paraîtra être un doux supplice »

 

Ce qu’il faut retenir c’est que dans cette histoire, les personnages ne se content pas fleurette avec des répliques à la guimauve et des sentiments purs et simples. Il y a de la douleur, des larmes, du sang, des échanges qui n’ont rien de cordiaux, de l’innommable, de l’impensable voire de l’inconcevable.  Et on entre dans un univers où on ne joue pas de la même façon que dans celui de toute personne lambda. Leur monde n'est pas le nôtre, tout simplement.

 

« Bien qu’une cicatrice n’ait rien de joli, j’ai pu remarquer qu’elle ne la cachait pas, jamais, même pas à l’aide de fond de teint comme beaucoup de femmes l’auraient fait. Elle ne la mettait pas en valeur non plus, mais j’avoue trouver ça audacieux de la porter sans filtre »

 

Alors si vous êtes adepte et que vous maîtrisez les codes de ce style qui questionne, qui perturbe et qui dérange, foncez car ce roman est assurément fait pour vous. L’auteure envoie du lourd en matière de réalisme et de psychologie tellement poussée qu’on s’en perdrait soi-même. Et sans nul doute possible, le résultat sera à la hauteur de vos attentes.



10/05/2021
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