Mille livres en tête

Mille livres en tête

La bûche, les embûches et le bûcheron / Océane GINOT

La bûche Montage.jpg

Jade, passionnée de photographie, est connue sous le nom de "Déjà" sur les réseaux sociaux. Femme moderne et connectée, elle passe tout son temps libre à partager ses clichés et son téléphone ne quitte plus ses mains.

En plein développement de son compte Instagram, elle lance le défi Calendrier de l'Avent " 24 Photos de Noël ". Au milieu des selfies, des paysages enneigés et des chocolats chauds, sa rencontre avec Louis bouleverse ses projets. Le beau garde-forestier n'a que faire des likes et des commentaires, mais l'attirance entre ces deux opposés est palpable.

Quelle passion l'emportera ? Et à quel prix ?

 

C'est dans le cadre de mon partenariat Stories by Fyctia, que je remercie vraiment,  que j'ai découvert ce titre qui m'intriguait fortement. Et je peux vous dire que je ne regrette absolument pas les quelques heures passées en sa compagnie.

 

C'est d'une drôle, mais originale, manière que la rencontre avec Jade, trentenaire active, se fait un 1er décembre : elle est en pleine prise photo de ses « petons » pour son compte Instagram. Bloggeuse totalement investie sur les réseaux sociaux, sa vie ne tourne quasiment qu’autour de ce monde irréel.

 

« Je veux m’affirmer comme femme moderne, je sais changer mes roues de voiture et utiliser une perceuse, ce n’est pas pour attendre le prince charmant ! »

 

Lorsqu'elle rencontre Louis, ce sont deux mondes opposés qui se rencontrent. Il est garde-forestier, proche de la nature, il aime les choses simples comme les vieux jouets et les réseaux sociaux lui sont étrangers. Il m'a plu dès que j'ai su qu'il aimait le tartare de bœuf et il ne pouvait donc qu'avoir mon attention.

 

L'attirance entre eux est indéniable mais leurs points de vues divergent sur certains sujets d'actualité notamment les réseaux sociaux et le temps démesuré que Jade passe dessus.

 

Alors si ce qui semble ressembler à un début d'histoire frappe à sa porte, Jade saura-t-elle revoir les priorités dans sa vie ?

Et notre bonheur, comme le sien, ne tient-il qu'à un nombre d'abonnés qu'on ne connaîtra probablement jamais ?

 

C'est une histoire qui semble toute mignonne, sur un petit fond écologique, que signe là Océane GINOT mais qui n'est pas totalement anodine car tellement pleine de vérités et de réalités. Et elle m'a fait passer un réel bon moment de lecture, très instructif.

 

L'héroïne de cette histoire, Jade, employée de banque est une jeune femme très casanière qui vit constamment au rythme des notifications Instagram que son téléphone, son meilleur ami qui ne la quitte jamais, lui envoie. Elle en est arrivée à un point que même quand il n'y a pas de notifications, elle se connecte.

 

Lorsque sa relation avec Louis se concrétise en plus que de l'amitié, ce jeune homme d'une touchante simplicité se montre attentionné et patient. Et on sent qu'il fait l'effort de s'adapter à cette addiction tout en cherchant à l'en détourner pour la ramener vers des choses simples de la vraie vie. Mais jusqu'à quel point ?

 

« Ça m’embête de te voir en permanence « loin », plongée dans des conversations avec plein de gens, certains que tu ne connais pas et qui peut-être e t’adresseront plus la parole dans trois semaines »

 

Au travers de ce personnage qui apparaît hautement superficiel, l'auteure soulève et met en lumière un fait de société qui nous concerne tous : les réseaux sociaux, ce que nous en attendons et le temps que nous passons dessus.

 

En effet, on sent le stress qui la prend si elle ne peut pas regarder ce qui se passe dans son monde virtuel, combien de likes ou commentaires sur ses photos elle a obtenu, combien de messages privés, combien les gens l'apprécient à travers l'image qu'elle envoie, etc... ; l'auteure l'illustre vraiment bien par des scènes ou réflexions appropriées. De même, on ressent parfaitement que tout ce que fait Jade n'a pas grand-chose de spontané ; tout est formaté pour ses publications Instagram (jusqu'à la crème dans la soupe quitte à manger celle-ci froide). Son but avoir des clichés Instagramables et agrandir sa communauté. Le reste ne semble que futilités.

 

« Tu vis dans la représentation, tu te fiches de ce qu’il se passe dans l’instant présent du moment que tu obtiens une belle photo »

 

Et son caractère puéril et enfantin de la petite fille qui se met à bouder ou se vexe quand n'a pas le jouet qu'elle veut revient plusieurs fois. Ça m'a fortement agacé mais ça image bien le comportement et les réactions de certains Instagrammeurs qui ne supportent pas la critique, qui rappellent à l'ordre leurs abonnés parce qu'ils n'ont pas assez de likes sur leurs publications, qui viennent jouer les Calimeros face caméra - alors que eux détestent ça venant des autres - , et qui ne tolèrent surtout pas qu'on puisse avoir une vision différente de ce système -  alors qu'ils se font passer pour modèle en la matière - , oubliant les conséquences bien réelles que leur présence H24 peut engendrer pour eux et pour les autres.

 

« Il m’a profondément énervée. Je n’insiste pas, pourtant je pense qu’il pouvait patienter une minute avant de se jeter sur son assiette »

La bûche Montage Citabook.jpg
J'avoue que plus je tournais les pages de ce roman très court - 115 pages en numérique - et plus je me disais que l'auteure ne pouvait pas plus coller à la vérité de ce qu'on rencontre sur cette application qui réunit des millions de personnes. Et c'est vraiment cet aspect qui m'a plu. Le reflet d’une société virtuelle actuelle où le paraitre prend le pas sur tout le reste.

 

« Je préfère conserver des moments « parfaits », « Instagramables », plutôt que le déroulé complet du temps avec ses ratés. Je sélectionne ainsi ma mémoire… Ou alors c’est pour me mettre en avant et montrer au monde entier que ma vie est merveilleuse… C’est une stratégie de défense pour prouver – me prouver – que mon existence est aussi sensationnelle que celle des autres »

 

C'est un roman tout petit et qui se lit très vite. Et dans le cadre d'une romance, il ne faut donc pas s'attendre à une histoire qui prend son temps car la romance est très classique et fleur bleue avec pas mal de clichés et de guimauve. Mais... parce qu'il y a un mais, je pense qu'elle ne sert que de base pour montrer les dérives et les aberrations qui peuvent couper quelqu'un d'un monde bien réel qui apporte plus que le monde qui se cache derrière un écran. Et qui fait augmenter son ego, son narcissisme et son égocentrisme x 1000.

 

Heureusement, le personnage de Jade n'en n'est pas là. Elle a des défauts certes mais elle reste courtoise et bienveillante avec sa communauté et elle n’expose jamais sa vie privée (hormis ce qui est culinaire et créatif). Et cet aspect se ressent aussi parfaitement ; c'est une Instagrammeuse trop investie ça c'est clair mais une adorable Instagrammeuse.

 

Ce titre que j'ai eu la chance de lire sous Service Presse devrait être imposé en lecture à certains blogs pour retrouver un semblant d'humilité. Car non, Jade n'est pas parfaite mais elle reste un internaute respectueuse. Ce qui n'est pas le cas de certaines sur Instagram - pour ne pas dire Bookstagram - et c'est bien dommage !

 

"La bûche,  les embûches et le bûcheron" est un titre qu'il faut absolument lire car fortement instructif. Et qui nous met face à nos propres comportements, dérives et ressentis comme un effet miroir. Rien que pour ça,  l'auteure mérite d'être félicitée.

 

Alors êtes-vous prête à lire certaines vérités qui dérangent et qui blessent ? N'ayez aucune crainte, ça va bien passer. Car ce n'est qu'une romance imaginaire (ou pas...).



11/05/2021
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi