Mille livres en tête

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Les azalées fleurissent en hiver / Dahlia BLAKE

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Merci, juste merci Dahlia BLAKE pour cette romance de Noël qui était dans ma wishlist depuis qu’elle a été révélée à paraître à l’occasion du Festival New Romance. C’est toujours risqué pour moi de m’attaquer à ce genre saisonnier qui n’est pas mon univers favori car souvent redondant. Mais là, ouahhh ça sort vraiment de l’ordinaire ; ce n’est pas une romance de Noël classique. Et c’est le moins qu’on puisse dire !

 

Cette histoire se démarque des autres car elle nous emmène en voyage de l’autre côté de l’Atlantique, à des milliers de kilomètres de la Métropole : en Martinique, à Saint-Joseph. Mais c’est bien plus que pour un simple voyage sous le soleil des Antilles que l’on accompagne Azaléa, jeune presque trentenaire parisienne qui a quitté la terre de ses origines il y a dix ans, pour ne jamais y revenir.

 

« Je me souviens très bien de la dernière fois que j’ai fait ce dont j’avais envie, sans me préoccuper de quelqu’un d’autre : jamais ! »

 

Et c’est sans rien dire à personne qu’elle décide, du jour au lendemain, de quitter sa vie parisienne toute tracée et programmée pour se réfugier sur cette île paradisiaque, chez Tatie Thé, sœur de sa mère. C’est donc loin du tumulte parisien et d’une vie qu’on imagine devenue oppressante qu’elle reprend contact avec un tout autre univers mais aussi avec celui qui a marqué ses jeunes années : Jacob Kaï.

 

A Saint-Joseph ou ailleurs, le paradis existe-t-il réellement lorsque le passé refait surface ?

Les raisons qui ont motivé un tel départ précipité justifient-elles vraiment de remettre à zéro les compteurs sans savoir ce qui se trouve au bout du chemin ?

 

Une des premières raisons qui a fait que je suis tombée sous le charme de cette histoire bien avant qu’elle paraisse, c’est le décor dans lequel l’auteure a posé l’univers de ce petit bijou de presque 600 pages et qui se dévore sans s’en rendre compte. En tout cas, ça a été mon cas. La Martinique me parle même si je ne l’ai pas connue en période de fêtes de fin d’année et j’ai aimé découvrir tous les petits détails qui ont fait remonter, en moi, des souvenirs, pourtant bien lointains.

 

On pourrait penser que c’est une romance légère qui se cache derrière cette couverture sublime, où tout va n’être que fête, soleil, sable fin et cocktails. Mais pas du tout et tout le talent de cette auteure, que je découvre, fait que d’un bout à l’autre je n’ai pas vu venir le fond même de l’histoire qui n’a rien de léger et qui se révèle même être parfois très poignant. Et pourtant, il y a bien un avertissement au début du livre, à ce sujet.

 

Grâce à des flashbacks judicieusement insérés au fil des chapitres, Dahlia permet de découvrir Azaléa, héroïne si touchante et d’appréhender ses doutes, ses douleurs voire ses fêlures profondes. A aucun moment il n’est question de la juger sur ses actes, ses paroles ou ses silences, ou ses réactions car le fait de découvrir son histoire, petit à petit, la rend vraiment attachante. Et la manière dont est construite l’histoire apporte beaucoup à la manière de ressentir toutes les émotions que l’auteure a voulu faire passer.

 

Sur une note plus légère que l’histoire qui ne demande qu’à se révéler, il y a la romance. Et quelle romance ! Tout simplement, je l’ai adorée dans ses moments positifs comme dans ceux plus négatifs. On va dire que Kaï y est pour beaucoup aussi et ne pas craquer pour lui est juste inconcevable. Ex bad boy dans sa jeunesse, il n’est plus vraiment celui qu’Azaléa a connu ; l’enfant terrible a pris une belle revanche pour décoller l’étiquette qui lui collait à la peau. Seul subsiste, de leur passé commun, le surnom qu’il lui donnait à l’époque et qui n’est pas sans faire remonter de douloureux souvenirs à la jeune femme. 

 

« Kaï est le genre d’amant à regarder vos limites et votre pudeur dans les yeux pour leur ordonner d’enlever leur petite culotte… Et le pire, c’est qu’elles obéissent ! »

 

Kaï englobe tout ce que j’aime dans un personnage masculin et ses traits de caractère apportent énormément à l’histoire. Ses retrouvailles avec Azaléa et tout ce qui va en découler donnent de vrais bons moments de lecture, entre situations cocasses, pensées de chacun qui apportent de sacrés sourires et répliques savoureusement percutantes. A cela ajoutée une évolution de l’histoire savamment dosée qui va connaître son lot d’embûches, d’imprévus mais aussi de jolis moments romantiques et sensuels à souhait sans tomber dans la mièvrerie et la lourdeur de ces scènes qui ne sont pas toujours nécessaires dans d’autres romans. Ici, chaque situation, chaque échange, chaque mot a son importance ; rien ne peut être lu en diagonale.

 

Sous ses airs de beau gosse, Kaï aussi cache un passif émotionnel qu’on découvre avec un rythme parfaitement adapté également. Rien n’est précipité et c’est ce que j’aime lorsque je lis. Même si je ne suis pas friande du style à la mode « slow burn », j’aime qu’une histoire reste cohérente dans sa construction et dans son évolution. Pour moi, l’exercice est ici totalement réussi.

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Dans ce roman, le rapport à l’autre est joliment mis en avant dans cette communauté où tout le monde se connaît et s’apprécie sans aucune arrière-pensée. La notion d’aide envers son prochain est aussi très bien illustrée avec Tatie Thé, figure locale plus que respectée et pour qui tout le monde répond présent. Mine de rien, sous des thèmes forts, de belles valeurs sont traitées contrebalançant avec des aspects plus sombres et négatifs qui font que parfois le cœur se serre, rien qu’à imaginer certaines scènes inimaginables.

 

« Si un amour peut construire, il est certain qu’il existe, à force égale, un autre qui peut détruire, altérer autant qu’il aliène »

 

Dahlia BLAKE a également réservé une belle part à l’amitié dont la présence et la force ne s’essouflent jamais et qui apporte aussi son lot de rires et de sourires au contact des amis de Kai, Mika et Do (oui, il fallait la trouver cette association !). Ils apportent une contribution essentielle à ces parcours de vie, sur lesquels se sont engagés Azaléa et Kaï et donnent aussi une belle légèreté à l’ensemble. De tous les personnages secondaires, mon cœur balance en leur faveur.

 

Le fait que l’auteure ait choisi un endroit paradisiaque est très approprié pour coller au thème de la famille qui à toute son importance ici (bien sûr, je ne vais pas vous spoiler le pourquoi du comment !) Et tout ce qui caractérise les us et coutumes sur cette île est parfaitement illustré tout au long du roman. On pourrait facilement sentir le parfum des fleurs, visualiser les couleurs et humer les senteurs locales (ah le poulet boucané, les chayottes et les frites de patate douce !), se laisser enivrer par le rhum et ses cocktails dérivés, se laisser porter par les escapades dans des endroits tous plus sublimes les uns que les autres et se fondre dans l’ambiance des préparatifs du Grand Noël en chantonnant, pourquoi pas, les Chanté Nwel. Même si je n’ai pas retrouvé des noms familiers (hormis Fort-de-France et la Montagne Pelée), j’ai adoré toutes ces petites choses qui agrémentent l’histoire.

 

« Le cœur reconnaît toujours les siens. Et ce jour-là, il n’y avait pas d’erreur possible, nous nous étions trouvés »

 

C’est étrange comme certaines histoires nous parlent avant même que l’on ait ouvert les livres qui les renferment telles des joyaux dans leurs écrins. Pourquoi cela se vérifie-t-il, à nouveau, avec cette histoire ? Je l’ignore.

 

Ce dont je suis sûre c’est que pour une romance de Noël lue hors saison, c’est un magnifique coup de cœur ! La plume de Dahlia est sublime de simplicité, aucune fioriture nécessaire. Elle va à l’essentiel et pourtant ce roman est tellement complet. Elle manie parfaitement l’humour et toutes les émotions possibles, des répliques mémorables au travers de personnages attachants et touchants.  Et elle offre là un roman dont le contenu peut malheureusement coller avec une triste réalité mais sans jamais tomber dans quelque chose de larmoyant, Lecture parfaite pour moi alors Merci Dahlia !

 

« Parfois, quand il me regarde, j’ai l’impression que nous resterons toujours les enfants que nous étions lorsque nous nous sommes rencontrés pour la première fois »



21/10/2021
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