Les couleurs de ton coeur / Marion LIBRO
Quel plaisir de pouvoir retrouver Marion LIBRO dans une histoire que j'avais suivie lors de sa participation au concours Fyctia "C'est un 10 mais..." et surtout de faire partie de ses partenaires occasionnelles pour ce titre. Merci Marion pour ta confiance
Quand j'ai débuté "Les couleurs de ton cœur" - exceptionnellement en numérique -, l'histoire me parlait mais sans savoir que je l'avais déjà découverte auparavant. Lorsque Marion m'a confirmé la participation au concours, j'ai compris le pourquoi du comment et ça m'a, en quelque sorte, rassurée de savoir que j'avais choisis une histoire déjà partiellement lue dans un autre contexte.
Dans ce roman, on rencontre Matteo, jeune peintre sans domicile fixe, qui tente de survivre grâce à son talent dans l'esquisse de paysages et de portraits d'inconnus croisés au détour des rues de Taormine, en Sicile. Et c'est en pratiquant son art qu'il est subjugué par Sofia, jeune femme de très bonne famille, stagiaire dans un musée, qu'il croise de manière rituelle chaque matin depuis plusieurs jours. Lorsque la jeune femme se rend compte qu'elle fait l'objet d'un portrait, la curiosité l'emporte, et plus pourquoi pas...
« La vie est trop courte pour ne pas la vivre pleinement… »
Mais dans le monde de Matteo les contes de fées et leur happy end n'existent pas, il n'y a aucune raison que Sofia soit celle qui changera le cours de sa vie. Et si sa vie avait décidé de le contredire avec quelques surprises - bonnes ou mauvaises - à la clé...
« Je n’ai déjà pas eu le droit à une enfance normale ni à une adolescence digne de ce nom… Je m’autorise alors à m’offrir une entrée dans la vie d’adulte sans fardeau »
Dans ce roman, on retrouve clairement la signature de Marion qui se caractérise par énormément de douceur, de bienveillance et de simplicité qui font du bien ; un peu à l'image de la jeune femme qu'elle me semble être. Et ceci, dès le départ puisque ses personnages ont chacun un parcours de vie qui a été malmené et pourtant on ne ressent pas de négativité dans leur rapport aux autres et dans leur manière d'appréhender leur vie. Bien au contraire.
On est sur deux personnages très jeunes, socialement opposés et pourtant l'alchimie est instantanée, peut-être trop pour les amatrices d'histoires qui prennent leur temps. On pourrait craindre, en découvrant Sofia, qu'elle illustre la petite fille riche bourrée de clichés, hautaine, prétentieuse, etc.. mais il n'en est rien. Et j'avoue qu’heureusement...
Bien au contraire, au travers de sa spontanéité et de son naturel, mon premier ressenti est qu'elle aime vraiment les gens et qu'elle n'est pas dans le jugement se basant sur le physique. Et ce trait de caractère est une vraie force dans cette histoire ; même si parfois j'aurais aimé qu'elle soit un tout petit peu moins lisse. Mais je peux, compte tenu du contexte, comprendre ce choix de l'auteure ; Sofia ayant subi un traumatisme récent important.
« J’ai cette impression qu’elle essaie de se persuader qu’elle est heureuse »
Face à elle, Matteo n'a rien du bad boy que sa situation sociale pourrait nous laisser penser. La passion pour la peinture qui l'anime et son passé qu'un prologue nous laisse supposer difficile n'auraient pas été cohérents avec un personnage différent que celui que l'on découvre.
Il fait partie de ces personnages masculins que l'on croise trop peu, avec une sensibilité, une réserve et une discrétion très touchantes. Meurtri par une enfance éprouvante, il est la représentation même du protagoniste qui garde en lui des meurtrissures importantes mais qui ne profite pas de sa situation passée de victime. Ses peurs et ses craintes qui jalonnent l'histoire sont légitimes et nécessaires pour cerner son personnage.
La relation qui naît, certes de manière un peu rapide, entre Sofia et Matteo sonne comme une évidence. Les moments de partage, de complicité s'apparentent à une quête vers une reconstruction émotionnelle que seul l'un peut apporter à l'autre et inversement. La force qui les pousse l'un vers l'autre est très bien mise en avant par l'auteure qui a choisi la douceur, plutôt que la précipitation ; ce qui est assez contradictoire avec l'impression de rapidité qui interpelle, sans qu'on ne puisse l'expliquer vraiment.
« J’ai l’impression de le connaître depuis toujours »
Dans ce roman, il y a assez peu de personnages ; ce qui permet d'accentuer la notion de sincérité des sentiments et de force des liens. Matteo, même s'il est peu entouré en nombre, l'est de manière qualitative par son meilleur ami Roméo et par une adorable mamie, qui a elle seule apporte une vraie légèreté lors de certains passages qui font sourire. Et en ce qui concerne Sofia, le schéma est identique puisque sa meilleure amie Alessia est cet essentiel nécessaire à son équilibre, qui lui permet de ne pas sombrer. Pour qui connaît la lectrice que je suis, s’il y a trop de personnages on peut vite me perdre donc là c’était parfait.
« Elle croit pas en l’amour, mais elle crois en toi…Et crois-moi, c’est ça l’amour »
Ce que j'ai apprécié dans cette histoire, c'est le processus de construction de la relation que, même s'il a été un peu vite à mon goût pour certains aspects, l'auteure a axé sur la confiance et l'absence de jugement ; valeurs qu'il est très difficile d'acquérir ou d'avoir de manière innée.
« Même s’il n’y a plus d’espoir, il y aura toujours une faible lumière qui brille »
L'auteure a inséré une belle part de psychologie modérée en abordant des thèmes forts comme les traumatismes psychologiques et émotionnels, le deuil, la confiance en soi, les différences sociales et leurs préjugés, le droit au bonheur lorsqu'il semble illégitime, etc... Et elle a, de la plus belle des manières, en toute pudeur et simplicité, abordé le difficile sujet de l'expression de nos émotions. J'ai trouvé cette partie de l'histoire terriblement poétique et tellement bien imaginée.
« Traverser une mauvaise période ne veut pas dire avoir une mauvaise vie »
Ce dernier roman de Marion nous permet de voir l’évolution de sa plume qui s’affirme et se renforce – même si quelques petites choses sans gravité m’ont interpellée - et j’avoue que c’est un vrai plaisir de pouvoir la suivre et la voir évoluer dans sa passion de l’écriture.
Et ce style de plume est vraiment très agréable à lire puisqu’elle nous permet de faire des pauses émotionnelles nécessaires, selon les genres qu’on lit, tout en nous proposant des histoires très bien construites, structurées et prenantes. Donc, je ne peux que vous conseiller de découvrir Marion Libro Auteure – si vous ne la connaissez que sous Marion Libro Chroniqueuse – car je suis certaine que vous l’aimerez tout autant. Alors très belle lecture !
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