Où que tu sois - T.1 : Je t'entendrai / Danielle GUISIANO
J'ai découvert les romans de Danielle GUISIANO à l’occasion du FNR 2019 à Lille. Honte à moi qui n’avait jamais entendu parler d’elle. J'ai craqué sur ces couvertures, assez peu communes, originales tout en restant dans la simplicité. Remarque purement personnelle : un relief un peu soutenu aurait apporté plus de charme encore. Je dis ça mais bon..... Et j'ai rencontré l'auteure (adorable de simplicité, soit dit en passant !).
Ayant perdu le goût de la lecture pendant un certain temps, j'ai repris il y 3 semaines. Et je me suis fixée comme défi de ne plus acheter de livres tant que ma P.A.L n'aurait pas diminué. Autant dire que les livres Hugo Roman y sont largement représentés donc il y aura certainement pas mal de chroniques pour cette maison d'édition :-D Et puis, je suis sûre que j'ai plein de pépites qui m'y attendent.
Et s'il y en a bien une de pépite, c'est cette histoire. Très beau coup de cœur lu en 1 journée ½ (les 2 tomes bien sûr !). Deux petits formats poche (235 pages pour le 1er / 376 pages pour le 2nd) mais qui renferment tant.
Et pourtant, c'est de manière douloureuse, dans le sud de la France, qu'a lieu la rencontre avec Zoé, jeune femme à l’aube de ses 18 ans, qui assiste à un terrible accident de la route entre une moto et un camion. Ce drame de la route fait écho en Zoé, qui a perdu un proche dans des circonstances un peu similaires. Sauf que personne ne peut identifier le jeune motard ; aucun papiers sur lui et il a sombré dans le coma. Et Zoé ne peut concevoir que qui que ce soit puisse rester seul dans un hôpital, dans un état grave, sans soutien à ses côtés. Pour elle, l'inconnu s'appellera Angel et chaque jour, jusqu'à ce que ses proches se manifestent, elle se promet d'être là, pour tenter de le sortir de son état, en lui parlant, encore et toujours.
« Si vous côtoyez les anges, je peux vous appeler « Angel ». Je sais, ça n’est pas très original, mais je préfère ça à Auguste ou Raymond…. »
Est-ce seulement l'altruisme qui motive Zoé à tendre la main à un inconnu ?
Qu’adviendra-t-il lorsqu’elle pourra enfin voir ses yeux ?
La première partie de l'histoire (1/3 environ, ce qui est peu) commence assez lentement ; le contexte étant ce qu'il est, c'est assez normal ; il faut poser l’histoire. On se retrouve comme dans un huis-clos froid et aseptisé, où les journées d'Angel sont rythmées par les visites de Zoé, entre autres. Ce qui aurait pu être d'une monotonie pesante s'il n'y avait pas eu cette narration à deux voix. Eh oui ! Angel est dans le coma mais il s'exprime aussi et il ressent des choses.
J'ai trouvé ses interventions bien amenées et bien écrites. Il n'est pas qu'un accidenté de la route, inconscient. C'est un vrai personnage depuis le début. Et quand il s'exprime, ça dédramatise un peu sa situation physique, ça permet d'apprendre à le connaître et à savoir comment il en est arrivé à cet accident. Autant dire que c'est un bad boy dans toute sa splendeur qui, même dans son coma, ne cesse de râler. Cet aspect léger m’a vraiment bien plu, contrebalançant avec la sombre opinion qu’il a de lui-même et qui apporte un sentiment vraiment fort envers son personnage.
« Elle l’a pêché où ce prénom ? Elle est conne ou quoi ? Pas un ange, non ! Si on devait me qualifier par un surnom, je serais sans doute le diable »
« Sincèrement, elle n’a pas quelqu’un d’autre à aller emmerder ? Pourquoi elle s’obstine à venir me voir ? Ça me tape sur les nerfs ! Mais qui m’a fichu une gourde pareille ? »
En face de lui, Zoé, cette inconnue qui le saoule de paroles, est déterminée à mener à bien sa mission. Elle a une vie basique avec peu de monde autour d'elle. Durant leurs moments "d'échanges", elle se confie à coeur ouvert et nous permet donc de mieux la connaître. Mais ce qu’elle n’a pas prévu c’est que si un lien invisible venait à se créer avec Angel, l'abandonner à sa famille pourrait se révéler difficile. A moins que la mort les sépare !
« C’est à toi de faire un effort. Tu dois revenir à la conscience. Ici des gens t’aiment et t’attendent. Tu es bien trop jeune pour renoncer. Une vie entière s’ouvre à toi, si seulement tu le veux »
Ne dit-on pas qu'une personne dans le coma peut, peut-être, nous entendre ? La vie peut apporter son lot de miracles et sur une simple rencontre que le hasard a soigneusement organisé, la remise en question de deux vies peut se jouer. Et la vie va se jouer d'eux, en les mettant à l'épreuve. Lui, dans son inconscient, aimerait rencontrer cette lumière qui déboule sur sa vie et elle, aimerait juste connaître la couleur de ses yeux. Mais la bulle dans laquelle leur histoire est née et grandit pourrait bien éclater.
« Une nouvelle vague de tiédeur m’envahit en même temps qu’une espèce d’euphorie. Créer un lien avec toi est théoriquement impossible. Cela n’arrive pas dans la vraie vie ! Pourtant c’est bien réel »
Ce premier tome, après un démarrage en demi-teinte justifié, apporte son lot de malentendus, de révélations surprenantes, de sentiments d’abandon, de tergiversions débouchant sur souffrance et espoirs et des prises de conscience poignantes. Même s’il y a quelques périodes de séparation, qui pourraient être un point négatif, les éléments s’enchaînent parfaitement sur un rythme qui, finalement, ne se relâche pas jusqu’aux mots « A suivre ». Le climat n’est pas pesant malgré un début qui peut laisser à penser que le sujet tourne autour de l’état d’Angel, sa rééducation et tout ce qui est en rapport avec le milieu hospitalier. N’oublions pas que ce roman est classé en New Romance pas dans la catégorie « manuel de médecine ».
Ce que j'ai aimé, dans ce tome, c'est l'impact que sa rencontre avec Zoé va avoir sur Angel, la force qu’elle va lui insuffler malgré sa propre vie chaotique à gérer. Il se décrit lui-même comme peu fréquentable, à la vie faite d'addictions et de dépassement de certaines lignes. Il brûle un peu la chandelle par les deux bouts. Cet accident pourrait être un mal pour un bien, au-delà des souffrances. Une sorte de rédemption qui lui est offerte.
Cette histoire ne s’encombre pas de trop de personnages, ce que j’apprécie mais elle est bien chargée en émotions. Danielle GUISIANO dépeint de manière touchante, le combat intérieur de deux êtres unis par un lien, à la douce chaleur, au bout duquel pourrait bien se trouver un espoir accessible. Une évidence pour l'un comme pour l'autre mais chacun doit composer avec les côtés sombres de sa vie, les blessures de son âme et pas mal de questions qui ne demandent qu’à trouver des réponses. Elle ne laisse pas beaucoup de répit à ses personnages – surtout Zoé - et les malmène jusqu’au bout de cette histoire qui fait passer un très beau message : un(e) inconnu(e) peut, par sa simple présence et sa main tendue, changer le cours d'un destin jusqu'à se remettre en question.
« Zoé. Ma petite fée ! S’il y a bien une personne qui peut me donner confiance en l’avenir, c’est elle. Je fais le serment de changer : pour elle, pour moi aussi, si je finis par parvenir à me pardonner un peu »
Alors bien sûr, on aime ou on n’aime pas ; tous les goûts sont dans la lecture. Personnellement, je n’ai pas ressenti d’émotions négatives mais une grande tendresse. Peut-être grâce à la finesse de l’écriture qui pose les choses et les sentiments tels qu’ils sont dans la vraie vie. Alors je ne sais pas si mes mots rendront hommage à ce début de duologie très prometteur. Mais c’est un très joli coup de cœur pour la globalité de l’écrit ; d’autant plus que la fin laisse sur une bonne dose de frustration, comme il se doit, pour enchaîner sur ce 2nd tome dont je vous parle dans la foulée. Heureusement, j’avais tout prévu et j’ai pu enchaîner de suite. Il fallait que je sache si ce premier ressenti allait se confirmer. A suivre…..
« Je ne pourrais pas me le pardonner : rater son premier regard. Notre premier regard, notre première fois. Je sais désormais que je ferai mon possible pour que cela se réalise. Elle sera près de moi : je lui dois bien ça !