Seulement si - T.2 / Magali INGUIMBERT
Après le magnifique et bouleversant « Si seulement », Magali INGUIMBERT aurait pu s’arrêter là ; compte tenu que la fin était une vraie fin. Mais non, elle ne s’est pas arrêtée en si bon chemin. Alors c’est un sacré pari risqué dans lequel elle s’est lancée avec ce second tome bien différent du premier.
Rien qu’en regardant la couverture, il se dégage, à présent, comme une solitude du personnage principal, Alyssa, que l’on retrouve 1 643 jours après que sa vie a basculé. Seule elle l’est, dans son combat face au sablier du temps qui passe et à cette détresse émotionnelle qui l’étreint chaque jour.
« Le vide est toujours aussi grand… Aussi profond… Comme si le temps creusait mon âme au couteau chaque jour que Dieu fait »
Tout ce qui la maintient, c’est son métier d’avocate dans un cabinet réputé de New-York. Et lorsque l’éventualité de devenir associée est évoquée, le graal professionnel est à portée de main. Sauf que pour cela, elle va devoir quitter, avec beaucoup de difficulté, New-York pour s’occuper de la gestion des contrats de Chase COOPER, capitaine des Giants et réussir où un grand nombre a échoué avant elle. Et là, ce n’est pas gagné d’avance !
Les fantômes du passé sauront-ils trouver les mots pour arrêter, définitivement, le lent sablier de la tristesse ?
Alyssa parviendra-t-elle à lâcher prise et à ouvrir les yeux (et son cœur éventuellement) ?
J’étais complètement bouleversée à la fin de « Si seulement » et je ne savais pas ce qui m’attendait en lisant ce que j’ai du mal à appeler une suite. Lorsque l’impensable se produit, une suite est-elle possible ?
Je me suis retrouvée face à Alyssa totalement différente de celle que j’avais connue 5 ans auparavant. La tristesse fait partie de son quotidien et ça peut sembler long effectivement en matière de deuil. Mais certaines personnes ne parviennent jamais à le faire donc …. ! Elle se donne à fond dans son métier mais ça ne comble, que quelques heures, le vide qu’elle a dans le cœur. Chaque soir venu, son oreiller est baigné de larmes et régulièrement, elle entretient sa peine avec des rituels qui renvoient à son passé. C’est touchant et poignant ! Ses amis, qui aimeraient la voir vivre à nouveau, sont impuissants. Et pourtant, ce n’est pas faute d’essayer.
« Comment puis-je être aussi près de mes amis et me sentir aussi loin ? »
Lorsqu’elle va rencontrer, une première fois, le sujet de sa prochaine mission, Chase COOPER, l’affaire s’annonce un peu tendue. Lors de leur première rencontre à l’étranger, où le bellâtre se trouve dans une fâcheuse posture, l’accueil va se révéler être glacial. Heureusement qu’Alyssa, avec le temps, s’est forgé un caractère où le répondant n’est pas un problème.
« J’avais demandé un ténor du barreau pour me sortir de là ! A vous regarder, je pourrais moucher le lait qui vous sort encore des narines »
Mais lorsque son patron lui demande de prendre en charge à nouveau l’épineux dossier « Chase COOPER », la tâche imposée va s’annoncer plus longue et totalement différente. Voilà comment un malentendu peut donner vie à des répliques pleines d’humour. Ce n’est pas une des qualités principale d’Alyssa mais sortie de sa bouche, et dans le contexte de l’histoire, ça fait du bien à lire.
« Je suis assise ici juste pour faire un sudoku, la vue m’inspire ! »
Il faut reconnaître qu’en face d’elle, Chase envoie du lourd côté caractère qui, à première vue, n’a rien à être envié. Et on a qu’une envie, c’est de voir jusqu’à quel point il peut être désagréable voire méprisant. Et surtout que cache ce qui s’apparente plus à une certaine colère qu’à un mauvais caractère ? Accrochez-vous fermement car les apparences sont souvent trompeuses et on n’est jamais à l’abri d’un retournement de situation. Gros coup de cœur pour ce personnage qui de par sa maturité, peut se révéler être une vraie bénédiction dans la vie d’Alyssa qui se révèle être tellement touchante. Il pourrait être celui qui verra, qui comprendra et qui apaisera cette détresse qu’elle refuse d’abandonner. Et elle pourrait être celle qui lui permettra de se découvrir.
« On ne peut pas m’aider. »
« Et si vous me laissiez essayer ? »
Ce roman renferme plein de belles idées et de belles émotions. Oui, je l’avoue, j’ai encore pleuré mais pas de la même façon. L’auteure a imaginé des situations cocasses, des répliques savoureuses et des personnages touchants. La qualité de son écriture est belle et bien là ce qui permet de noter l’évolution de sa plume et sa justesse. Elle fait vivre et revivre les personnages avec des mots parfaitement choisis associés à des idées bien trouvées et bien travaillées. Et surtout, le tout est totalement addictif pour ne pas lâcher l’histoire jusqu’à l’épilogue. Et quel épilogue !
Des thèmes forts sont développés pour apporter, à cette histoire déjà bien dosée en émotion, une touche supplémentaire de tendresse. Et c’est à un véritable accompagnement des personnages que l’auteure nous invite. Témoins privilégiés du passé, du présent et d’un futur où tout pourrait être possible. Plus qu’une simple histoire, c’est une belle leçon de vie sur l’acceptation de l’inacceptable, le droit de s’autoriser à continuer à vivre et à aimer, la reconstruction émotionnelle et le handicap.
« Tu as besoin de sensations, de mains capables d’essuyer tes larmes, de bras pour t’enlacer dans lesquels tu pourras sentir que tout ira bien, de lèvres qui te couvriront de baisers »
Alors si vous vous demandez comment un 2ème tome peut être possible après « Si seulement », n’attendez plus et jetez-vous, à âme perdue, dans ce roman qui est un véritable coup de cœur pour moi qui en suis ressortie comme sereine et apaisée après le tsunami émotionnel qui m’avait dévasté avec le 1er tome.
Je terminerais avec ces quelques mots pour Alyssa ♥
Alyssa,
Je t’ai vue naître sous la plume débutante de ta maman en écriture, Magali. J’ai tout de suite aimé ton histoire parfaite avec ses imperfections.
Tes débuts dans ce monde littéraire n’ont pas été simples et pourtant, je te retrouve, à nouveau, aujourd’hui, comme une renaissance. Que de chemin parcouru depuis que nos vies se sont croisées ! Ta maman a été bien courageuse et combattive pour en arriver là aujourd’hui. Telle que tu l'as été toi aussi.
Toi la jeune femme réservée et indifférente aux opinions des autres, fidèlement amoureuse en secret, tu as déjà traversé une épreuve que nulle ne devrait avoir à vivre et surtout si jeune. Tu as connu l’amour, le vrai mais de manière tellement éphémère. Le temps ne t’a donné aucune chance de vivre cette histoire jusqu’au bout ; seule l’intensité de votre amour perdurera.
1 643 jours, c’est long et c’est court quand on a vécu une telle perte si jeune et que la douleur et la peine refusent de céder leur place au bonheur. Nul(le) ne peut comprendre tes choix s’il ne l’a pas vécu lui-même. Tous ces rituels, toutes ces pensées, tous ces mots et toutes ces larmes qui font partie du processus logique, à mon sens, pour parvenir à l’acceptation.
820 jours, c’est mon chiffre aujourd’hui. Je n’ai pas 20 ans mais peu importe l’âge. La perte de l’être aimé est de cruauté égale que l’on a 20 ans, 40 ans, 50 ans ou 80 ans voire plus. Dès lors, que c’était le grand amour, il n’y a aucune proportionnalité, aucune statistique. Mon histoire a duré 23 ans, c’est trop court certes mais les sentiments des premiers instants ont duré toutes ces années et jusqu’à son dernier souffle. Aujourd’hui, je les vis seule avec la souffrance qui s’éloigne peu à peu, même si certains jours sont plus difficiles que d’autres, pour ne garder que le meilleur.
Des rituels et des larmes, j’en ai eu, j’en ai encore et j’en aurais peut-être encore aussi longtemps que toi. Mon chemin à moi n’est qu’à moitié parcouru, par rapport à ton histoire. Et même si la douleur est toujours présente, que la plaie de cette blessure au cœur n’est que partiellement cicatrisée, je continue à croire que l’apaisement est au bout de ce douloureux processus de reconstruction. Il faut apprendre à se faire confiance pour que le souvenir de l’autre ne s’efface jamais ; ce qui finalement était ta plus grande appréhension : l’oublier.
Alyssa, tu es américaine mais une intemporelle française, éternelle amoureuse de l’amour, aurait pu te dire :
Même quand on l'a perdu
L'amour qu'on a connu
Vous laisse un goût de miel
L'amour, c'est éternel !
Tout ce qui maintenant
Te semble déchirant
Demain, sera pour toi
Un souvenir de joie !
Tu as trouvé l’homme qui t’accepte telle que tu es, qui conçoit, sans aucune difficulté, que tu vives avec ce passé auquel tu ne renonceras jamais à penser ; dès lors que lui ne doive pas renoncer à toi. L’amour avec un grand A peut certainement exister à nouveau mais il ne sera jamais identique au précédent. Deux histoires en deux moments différents pour une finalité commune : ton bonheur.
Vis-le simplement avec l’intensité qu’il mérite car, n’aie aucune crainte, dans ton cœur il y aura toujours cette case déjà occupée dont nul nouvel amour, quel qu’il soit, ne pourra prendre la place. Sois heureuse, juste heureuse !
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