Attirances contraires / Eugénie DIELENS
C'est sur un immense coup de cœur que se termine Juillet 2022, avec la découverte de "Attirances contraires" d'Eugénie DIELENS paru chez Nisha et Caetera.
Cette lecture a été incroyable, tellement j'ai passé un plus que très beau moment en compagnie de Beth et Smith. J'ai été totalement emportée tout au long de ces un peu plus de 300 pages que j'ai dévorées à une vitesse rarement atteinte.
Je pourrais dire que la couverture est belle même si ce n'est pas forcément ce qui m'a motivé à acheter ce livre. C'est surtout la douceur qu'elle laisse imaginer qui m'a interpellée. Je ne pensais pas qu'en une seule image, toute l'histoire pouvait être dévoilée. Difficile à expliquer mais c'est un ressenti qui arrive quasiment jamais. Et puis, j'ai été séduite par ce titre avec deux mots en totale opposition qui apportent, à eux seuls, une force incroyable alors que l'histoire ne s'est même pas encore dévoilée.
Le schéma de base n'a rien d'inédit, ni d'innovant et pourtant ça a tout de suite matché avec moi qui me suis plongée dans l'histoire avec une très grande facilité. Je me suis immédiatement attachée à Beth, cette jeune femme de 25 ans, étudiante en archéologie et qui en parallèle travaille comme danseuse pole dance pour subvenir à ses besoins et à ceux, en médicaments, de Mamita, sa grand-mère avec qui elle vit depuis 10 ans.
Lorsque Smith, étudiant comme elle dans la même branche, mais évoluant dans une classe sociale très supérieure vient lui proposer un contrat un peu particulier, Beth met les rancœurs du passé de côté pour ne penser qu'au bien-être de sa grand-mère.
« L’archéologie est un travail, une passion à la rigueur, mais en rien un loisir. Allez sur un site de fouille et vous serez aussi inutile que la dernière feuille de papier toilette »
Sauf que, parfois, même avec toute la meilleure volonté du monde, il est impossible de lutter contre la vie qui décide de n'en faire qu'à sa tête pour prendre en main l'avenir de deux âmes malmenées par la vie. Et si le bonheur était simplement à portée de cœur.
Bon, appelons un coup de cœur, un coup de cœur ! Ça faisait tellement longtemps que je n'avais pas ressenti quelque chose d'aussi fort pour une histoire et pour ses personnages. Même après avoir refermé ce livre, il est encore bien présent dans mon esprit et je n'arrive pas à m'expliquer le pourquoi du comment.
J'ai été, de manière assez rapide, conquise et touchée par la situation sociale et familiale de Beth. Jeune femme qui ne vit que pour le bonheur et le bien-être de Mamita, sa seule famille, Beth semble souffrir d'une réputation assez négative. Et pourtant, quand on la découvre, on est à mille lieues d'imaginer cela possible.
Malmenée par un passé traumatisant, qui a laissé des séquelles émotionnelles indélébiles, elle est malgré tout très combattive avec une fâcheuse tendance à s'oublier elle-même. Une peur tenace l'anime : faire du mal à ceux qu'elle aime et auxquels elle tient. J'ai adoré les liens qui l'unissent à Mamita. Ils sont tellement forts que leur relation est tout simplement magnifique même si la présence de Mamita reste assez en second plan alors que j'aurais aimé un peu plus d'elle.
« Je n’ai pas d’amis. Personne ne m’aime assez pour me considérer comme telle »
De sa relation avec Smith, on ne sait pas grand-chose ; juste qu'il y a eu quelque chose d'éphémère. L'auteure nous laisse dans le flou sur ce passé commun pour se concentrer sur le présent. Et j'avoue que j'ai aimé ce choix qui permet de rester focus sur l'histoire qui nous intéresse vraiment. J'avais peur que leur relation passée ne vienne ternir l'ensemble avec quelque chose que je déteste lire. Heureusement, l'auteure n'a pas choisi cette voie.
Concernant Smith, je n'avais pas d'attentes particulières, je n'avais fait aucun plan sur ce qu'il pouvait être. Et je l'ai tendrement aimé du début à la fin. Tendrement car il ne peut en être autrement que de ressentir une immense tendresse pour lui qui n'a pas été épargné non plus. D'un statut social et familial plus qu'aisé, il est la représentation même que "l'argent ne fait pas le bonheur".
Orphelin de mère, il a pour seule image patriarcale celle d'un père qui n'a que la fonction de géniteur, qui gère la sphère familiale comme celle de ses affaires. Et autant dire que ça donne lieu à des scènes assez difficiles à concevoir comme pouvant réellement exister et qui émotionnellement sont parfois difficiles à lire. Pour ce point, l'auteure a parfaitement géré cet aspect sans jamais lui ajouter de lourdeur inutile.
« Personne ne mérite d’être utilisé comme ça. Sa vie sentimentale ne devrait être régie que par lui-même, et si un jour il s’engageait avec quelqu’un, cela devrait être son choix »
Via l'histoire personnelle et familiale de Smith, Eugénie évoque des thèmes qu'on penserait sortis d'un autre temps. Elle joue avec des tensions familiales sensibles pour nous faire réagir et nous faire réfléchir sur ce que doit réellement être l'amour amoureux mais aussi celui fraternel ou familial. J'ai vraiment aimé cette manière de traiter un sujet qui peut se révéler tabou dès lors que la rancœur et les non-dits s'en mêlent.
Hormis quelques petites coquilles, je n'ai ressenti aucune fausse note et aucun faux pas dans l'écriture sans fioritures de l'auteure, malgré son jeune âge. Attention, ça n'a rien de péjoratif ! Simple et efficace, cette histoire se lit avec une facilité déconcertante. Et c'est bien déconcertée, de manière positive, que je ressors de ma lecture.
L'évolution se fait à un rythme qui, au fil du temps, correspond plus aux attentes de la lectrice que je suis devenue. Il y a tellement de tendresse qui émane des personnages, des épreuves qui vont les unir et de l'histoire qui se profile dans sa globalité, qu'il n'y a rien de plus à dire qu'on se trouve en présence d'une relation simple et belle, telle que toute romantique peut la concevoir voire l’idéaliser.
C'est sur une corde assez sensible que repose cette magnifique histoire qui jongle avec les sentiments de ses protagonistes mais aussi avec nos émotions qu'elle met un peu à l'épreuve.
« J’aimerais mieux voir Smith tourner la page et avancer avec quelqu’un que le laisser observer le bonheur des autres sans se créer le sien »
Parce qu'au fil des chapitres, l'histoire qui se déroule n'est pas du tout concernée par les habituels clichés rencontrés en romance. Mais, au contraire, elle colle assez avec une certaine réalité. Elle met subtilement en opposition la pauvreté et la richesse et aborde avec beaucoup de pudeur des thèmes comme la maladie, le deuil et la réalité de la vie.
« La vie ne s’arrête pas lorsqu’on perd un être aimé, parce qu’on continue à vivre pour cette personne »
Même si on n'est pas du tout dans une lecture young adult, les personnages restent jeunes car moins de 30 ans. Mais l'auteure leur a apporté une telle maturité, une telle force de caractère et surtout une telle volonté de vivre et d'avancer, qu'on ne peut qu'admirer le rendu final et cette évidence qui saute aux yeux dès le début.
Je ressors vraiment conquise par cette lecture tellement riche en émotions qui va, indéniablement, rester gravée dans ma mémoire. Si vous aimez les histoires simples, réalistes et poignantes, c'est clairement me titre d'Eugénie DIELENS à glisser dans votre PAL. Alors bonne lecture !
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