Où que tu sois - T.2 : Je t'attendrai / Danielle GUISIANO
Attention : risque de spoiler si vous n'avez pas lu le tome 1 !
Je ne suis pas d’une nature trop impatiente mais j’avais quand même prévu le 2nd tome de « Où que tu sois ». Car mon instinct – le résumé aussi un peu - me murmurait qu’il serait différent du 1er. Celui-ci, qui a été un beau coup de ♥, je l’avais plus vécu comme un long prologue qui prépare et pose les bases pour l’histoire de « Où que tu sois – Je t’attendrai ». Effectivement, il ne finissait pas forcément comme on le souhaitait mais bon, on ne refera pas l’histoire.
C’est deux ans après la fin du 1er tome qu’on retrouve les personnages et l’ambiance de cette histoire. Même lieu mais alors autant dire, que de l’eau a coulé sous les ponts et ce n’est pas dans une eau vraiment limpide qu’on va évoluer tout au long de ces 375 pages. Effectivement, il est plus long que le précédent et celui-là contient aussi beaucoup.
Je ne vais pas vous raconter ce qu’il se passe ; juste l’évolution des personnages. Mais avec cette suite, Danielle GUISIANO prend, à mon sens, une direction un peu différente. Alors on n’adhère ou pas, peu importe. On la déteste, par moment ? C’est tout à fait possible.
Souvenez-vous : Angel/Sevan était un bad boy torturé par ses addictions et ses fantômes du passé. Et Zoé était la jeune fille innocente, prête à lui tendre la main sans rien attendre en retour malgré ses propres failles. La fée qui, par la lumière émanant de son simple contact, pouvait l’accompagner vers la rédemption. Mais comme ils ne se sont pas quittés dans les meilleurs conditions, ça donne un 2nd tome sous haute tension (pour eux, pour nous et pour l’auteure qui risque de déchaîner la colère de ses lectrices !)
L'histoire de « Où que tu sois – Je t’attendrai » est, dans sa globalité, très prenante voire addictive. Personnellement, j’ai mis vraiment peu de temps pour le lire tellement j’étais prise dedans. Dans l’opus précédent, il était beaucoup question de l’histoire de reconstruction physique mais aussi émotionnelle. Là, c’est toute l’histoire, leur histoire, qui est à reconstruire. Et c’est un chantier titanesque. Quand on connait les dessous de l'histoire, on ne s'attend pas à ce que les événements s'enchaînent facilement et que tout soit rose. Bienvenue dans une réalité qui, je l’espère, n’existe que dans l’imagination de l’auteure.
Jusqu’à quel point Sevan se battra-t-il pour que se concrétise cette histoire en laquelle il croit toujours ?
Zoé saura-t-elle accorder un pardon qui semble difficile et qui pourrait mettre son équilibre en danger ?
Deux ans, c’est long mais ça passe très vite aussi. On dit souvent que le temps peut apaiser les rancœurs mais ça ne fonctionne pas à chaque fois. Et c’est malheureusement en Zoé que la rancœur est toujours aussi vive ; elle a appris à vivre avec. Son statut a fortement évolué, ses responsabilités sont devenues sa priorité et une épaisse carapace s’est créée autour de son âme et de son cœur. Interdisant ainsi l’accès à quiconque la blesserait à nouveau. Et ça peut se comprendre ; si, si, je vous l’assure.
Lorsque Sévan revient, ce n’est pas forcément dans les meilleures dispositions. Son casier judiciaire n’est plus vierge, il a traversé des mois, qu’on imagine difficiles et ni lui, ni nous ne savons ce qui l’attend. Il attend peut-être beaucoup de Zoé, beaucoup trop ; à se demander s’il ne minimise pas les évènements passés.
« Je n’ai tenu que grâce à son image. C’est un lien fragile, que je ne devrais altérer pour rien au monde, et pourtant, je n’ai qu’une seule obsession : la revoir »
Dans ce tome, j'ai particulièrement aimé voir l'évolution des personnages depuis le précédent et constater que les rôles peuvent s'inverser. Comment d'un bad boy, on peut passer au gendre quasi idéal et comment d'une jeune femme altruiste, ouverte aux autres, on peut s'endurcir et se renfermer sous des prétextes qui peuvent agacer fortement.
Sévan va se montrer sous un nouveau jour : l’expérience vécue l’a fortement fait évoluer. Dans ce tome, il tire parfaitement son épingle des bottes de foins en enlevant définitivement son masque de voyou et de salop. Il est plus responsable, il est prêt à tout mais quand il n’a d’autre choix que de s’effacer ou de lâcher l’affaire, peut-être par maladresse bien involontaire ou par une jalousie rivale, un seul de ses travers peut avoir la dent dure : son rapport avec l’alcool qui reste son meilleur ami au moindre coup dur, à la moindre contrariété, surtout lorsqu’il s’agit de Zoé. J’avoue que ces passages sont poignants et renforcent mon idée première : la tendresse que j’ai envers lui. Mais également durant les scènes avec un petit personnage haut comme 3 pommes ♥ Il va savoir se montrer persévérant mais quand ça ne veut pas, eh ben ça ne veut pas. Pour peu que les doutes s’en mêlent, c’est un peu comme le chien qui se mord la queue : il rame.
« Zoé n’a pas besoin que tu viennes chambouler sa vie. Elle s’est occupée de toi alors qu’elle ne te devait rien, maintenant fiche-lui la paix. Elle n’a pas besoin qu’un boulet comme toi s’accroche à ses basques. Pauvre con ! »
Car la gentille Zoé a bien changé. C’est un peu là où le bât blesse ; elle devient un peu la bête noire de l’histoire dans le côté romance. J’ai envie de demander à l’auteure : « Mais pourquoi ? ». Pourquoi en une si jeune femme, qui avait tant de bonté en elle pour vouloir sauver un inconnu, avoir mis autant de dureté, tant d’hésitation et tant de revirements dans ses choix. Habituellement, on est plus sur un homme qui souffle le chaud et le froid, mais là c’est le personnage féminin qui hérite du mauvais rôle. Soyons honnête, c’est essentiellement au contact de Sévan.
Tout au long de la lecture, on a les réponses telles que l’auteure les a construites dans son imagination d’écrivain mais c’est un peu perturbant alors que les choses pourraient être autrement, ou au moins quelques angles adoucis. Pas moins faciles mais autres. Le côté redondant de la chose peut entraîner une lassitude ; alors, préparez-vous ! Zoé n’est pas facile. Autant d’indécision, de mauvaise volonté et de mauvaise foi parfois, ça envoie du lourd. Ou bien, on peut tout effacer et on recommence. S’il vous plaît Danielle ?
« Même si je brûlais de tout savoir, j’ai refusé d’écouter la moindre explication : ça m’aurait démolie. Je ne suis pas prête et je ne sais pas si je le serai un jour »
Finalement, ce qui peut être un point négatif peut se transformer en point positif. Tactique rondement menée qui fait réagir et naître des sentiments forts : si on pouvait entrer dans le livre pour remettre les pendules à l’heure et inculquer un peu de bon sens à ce petit monde, ce serait un vrai bonheur.
L’auteure a maintenu la présence de certains personnages indésirables (je ne citerais pas les noms mais Ô rage, Ô désespoir pour moi !) et elle a enrichi son histoire de certains autres – Douglas & Mia notamment - qui redorent un peu l’image de Zoé. Et qui ont beaucoup plus leur place par ce qu’ils apportent, dans ce roman, que les autres ne l’avait dans le précédent tome (un peu tout de même, ne soyons pas de mauvaise foi). Je n’avais pas une grande tendresse pour eux donc simple avis personnel ! Et certains, qui n’avaient pas un rôle plus important que ça, se voient attribuer un très beau rôle secondaire pour un évènement que je n’ai même pas vu venir. Comme quoi, tout change et évolue dans cette histoire !
Je vais peut-être me faire huer mais je persiste et signe sur ce coup de ♥ qui se confirme. Mes critères d'attribution pour les coups de coeur, sont : la base de l’histoire tel que le synopsis nous la décrit, l’écriture, la cohérence de la trame narrative, la romance qui doit me procurer plein d’émotions, les personnages et leurs traits de caractères et tous les petits plus qui cimentent le tout pour que je ne m’ennuie pas. Mais je ne me verrais jamais refuser un coup de cœur juste à cause d’un personnage que je sais, blessé, qui ressasse sans cesse le passé comme un refus à vouloir avancer et devant faire des choix pour sécuriser son avenir émotionnel. Qui, donc, hésite longuement par choix de l’auteure qui a sûrement voulu faire passer un message qui ne sera pas perçu, de la même façon, par tout le monde. Même en littérature, la perfection n’existe pas. Et heureusement !
« J’ai eu le temps de cogiter. Je n’admets toujours pas qu’il soit parti sans rien me dire, me privant de mon libre arbitre. Cependant, une petite voix dans ma tête me dit que sa fuite n’était peut-être pas aussi égoïste que je l’imagine. Voilà que j’enrage encore ! »
Dans la vie, personne n’est parfait. On ne prend pas toujours les bonnes décisions, on ne fait pas toujours preuve de courage, on hésite plus ou moins longtemps pensant que la nuit nous portera conseil. Mais dans le cas de Sevan et Zoe, les nuits passent, les évènements s’enchaînent et entre deux étreintes passionnées auxquelles aucune chance n’est donnée, la peur stagne pour l’un et le manque de mots, suffisants, persiste pour l’autre. Il n’y a pas de manuel pour régler ce genre de problème. Ils sont jeunes ; on a tous été jeunes. Et même en vieillissant, selon les situations et selon notre force de caractère, on ne peut pas se targuer de toujours agir comme il se doit ou d’avoir les bons mots au bon moment. Mais pour peu qu’un évènement déterminant ne nous laisse pas le temps de réfléchir, les actes se font d’eux-mêmes et débloquent le tout, comme par magie. On a tous droit à l’erreur, on a tous le droit d’être imparfaits.
Ce livre est parfaitement parfait dans toutes ses imperfections ; en tout cas pour moi ! A vous de vous faire votre propre avis :-)