Mille livres en tête

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Insaississable désir / Tatiana DUBLIN

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Bien loin des romances contemporaines que je lis habituellement, je ne pensais pas dire ça un jour : j'ai eu un énorme coup de cœur pour cette romance historique, sous la sublime plume de Tatiana DUBLIN chez Harlequin dans la collection Victoria. Merci à l'auteure de m'avoir plongée dans cet univers le temps d'un aparté inédit.


Pour qui me connaît, je ne suis pas lectrice de narration externe et de romances historiques. Pourtant, dans "Insaisissable désir", ces deux caractéristiques ne m'ont absolument pas dérangée, bien au contraire. Je n'avais jamais ressenti une telle intensité dans un tel écrit qui m’a embarquée dès le prologue si touchant, si poignant.

 

C’est au cœur du XIXème siècle, dans le Yorkshire que l’on découvre le domaine de Blackson House où la vie semble s’être arrêtée, bien loin du faste d’antan après que Lord Keir, propriétaire des lieux a vécu le pire drame qu’un homme puisse connaître. C’est Abigaïl – Abbie -, gouvernante quinquagénaire qui est missionnée par la nièce de Keir pour reprendre en main le domaine et lui redonner vie afin de retrouver son éclat et sa réputation passés. Malheureusement le maître des lieux aussi insaisissable que désagréable, ne l’entend pas ainsi et la tâche d’Abbie va se révéler bien plus compliquée que ce qu’elle espérait. Surtout lorsque certaines tensions inattendues vont s’inviter alors que personne ne pourrait s’y attendre. Bienvenue à Blackson House !

 

« Elle manque de défaillir sous ce regard bleu glacial. C’est tout juste s’il ne retrousse pas les babines pour gronder. Comme une espèce de fauve furieux »

 

Si on m’avait dit que j’ouvrirais un jour un livre Harlequin pour découvrir une romance historique, je pense que j’aurais été la première surprise. Je n’ai pourtant pas hésité un seul instant car j’ai déjà pu lire l’auteure ce qui, pour moi, n’était pas du tout une prise de risque. Et j’ai bien fait car j’ai adoré cette lecture qui m’a transportée là où je ne pensais pas du tout aller un jour. Comme quoi…

 

En premier lieu, j'ai vraiment adoré que, pour une fois, les personnages se trouvent dans la tranche d'âge quinquagénaire. C’est assez inédit et inattendu mais qu’est-ce que c’est agréable de sortir des codes habituels. L'approche des relations - notamment la romance - est ainsi différente, sans précipitation, ni mièvrerie ou artifices. Les sentiments sont vraiment bruts malgré un passé bien présent et la tension qui se maintient au fil des chapitres est très bien dosée.

 

« Seigneur, qu’il est beau ! Mais Seigneur, qu’il est… odieux ! »

 

Dans ce roman l'auteure a parfaitement su mettre en lumière les relations amoureuses telles qu'elles semblaient être appréhendées, par des personnages ayant déjà vécu, à une époque bien différente de celle qu'on retrouve dans les romances contemporaines très classiques. Et c'est un étrange sentiment que celui que j'ai pu ressentir, comme plus intense, plus sincère et surtout plus authentique car se rapprochant totalement de ma vision. On est clairement sur une histoire d'amour intense peu commune avec des personnages qui nous font vivre tant d'émotions dès le prologue jusqu'au mot fin.


Dans cette histoire, tout est si bien détaillé, qu’on se plonge avec plaisir dans un monde totalement étranger, à une époque bien loin de ce qu'on peut imaginer. Je dois avouer que certains aspects de ce quotidien peuvent apparaître comme redondants, apportant une touche routinière qui m'a un peu dérangée – vive le lave-linge ! -. Mais en opposition, j'ai adoré la richesse de tout ce qui agrémente le quotidien professionnel d'Abbie et qui va permettre de redonner vie à cette communauté tellement éclectique en y apportant une belle touche de fraîcheur et d'énergie. Seule petite chose qui aurait pu me déranger c’est l’enchaînement trop rapide et trop facile de tout ce qui est entrepris.
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L'auteure a, selon moi, vraiment trouvé un bel équilibre entre la part romance et la part historique. Aucune des deux ne prend le dessus sur l'autre et l'ensemble est très agréable à découvrir surtout pour une novice comme moi. Les personnages qui pensent ne plus pouvoir attendre quoi que ce soit de la vie et de l’amour vont se retrouver dans une situation émotionnelle intense qui va les surprendre et les emporter bien au-delà de ce que la raison voudrait.


Abbie est un personnage féminin qui n’a aucun problème relationnel mais qui pourtant ne s’ouvre pas sur son passé, sur son vécu avant d’arriver à Blackson House. Il y a un certain mystère qui l’entoure, que l’auteure maintient avec un certain talent car je n’ai rien vu venir. Elle est très professionnelle, elle a du caractère et pourtant lorsqu’elle doit affronter Keir la donne change totalement. On peut clairement dire qu’il lui fait perdre tous ses moyens. C’est un personnage duquel je me suis sentie étrangement proche et qui a su me toucher par tous ses traits de caractère et par sa façon d’être. Femme de poigne qui n'a rien d'effacé, il y a pourtant en elle une certaine fragilité que l'auteure a parfaitement su faire contraster avec un caractère bien affirmé. Elle exerce un métier qui me fait rêver et forcément je n'ai pu qu'adhérer immédiatement. Tout cet aspect de l’histoire m’a littéralement transportée dans cet univers.

 

« Les femmes sont-elles si bêtes qu’elles ressentent le besoin d’unir leur âme à celle d’un homme ? »


En ce qui concerne Keir, dès le prologue on ne peut que tomber raide dingue de lui. Et pourtant, lorsqu’on le découvre ensuite il n’a plus rien d’attirant tant son personnage au langage très limite apparaît comme bourru et imbu de sa personne. On comprend très vite qu’une certaine souffrance l’habite et… on lui pardonne. Franchement dans le genre protagoniste masculin, même s’il n’est pas parfait, j’aurais volontiers pris la place d’Abbie. La plume de Tatiana sait tirer le meilleur de lui pour nous le faire aimer même les jours où il est limite détestable. Il dégage une sensualité terrible !

 

« Il est un Blackson, et quand un Blackson aime, il ne peut échouer »

 

Pour ce qui concerne l’histoire elle-même, j’ai vraiment tout aimé : les personnages, l’univers, l’évolution du récit, etc… La plume très assurée de Tatiana y est certainement pour beaucoup puisqu’on est sur un texte de très grande qualité en terme d’écriture. Elle maîtrise parfaitement ce style !

3.pngCe qui m’a vraiment dérangée c’est l’impression du livre qui peut engendrer des difficultés de lecture tant la taille de la police est petite et les marges réduites. J’avoue avoir eu du mal à le lire le soir, ce qui m’a un peu perturbée. Et autre point que j’ai regretté c’est la couverture du roman qui ne reflète pas du tout le personnage d’Abbie, quinquagénaire et rousse. Dans mon esprit elle n’est pas du tout en adéquation avec la photo de cette femme brune et qui semble bien trop jeune. Ce petit détail aurait mérité d’être soigné vu la qualité du roman.

  
Cette histoire est sans nul doute possible une des révélations la plus marquante pour 2024 dans ma bibliothèque. L'intense frustration qui s'en dégage est étrangement plus qu'agréable car il n'y a aucune sensation de tourner en rond et elle nous laisse dans une attente qu'on aimerait simultanément voir cesser et ne jamais finir. Franchement, j'ai tellement aimé cette histoire qui parle de reconstruction, de seconde chance et de renaissance. Et je ne peux que vous conseiller de la découvrir, surtout si vous êtes lectrice de romances historiques ! Alors très belle lecture !



03/11/2024
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