L'honneur de Preston / Mia SHERIDAN
Mia SHERIDAN est une auteure qu’on ne présente plus tant sa renommée est bien en place. Auteure à succès avec des ouvrages de qualité que la maison d’édition Hugo & Cie a su révéler à son lectorat français, elle revient avec ce roman, qui encore une fois, m’a vraiment touchée. Et je remercie Hugo New Romance Poche de m’avoir accordé, une nouvelle fois, sa confiance sur ce Service Presse.
Lorsqu'Annalia revient dans sa ville natale de Linmoor, en Californie, après en avoir disparu pendant 6 mois, un sentiment d'angoisse l'envahit. Et pour cause, son retour ne passe pas inaperçu ; surtout lorsqu'elle retrouve Preston qui l'accueille plus que froidement et qu'elle demande à voir leur fils Hudson, qu'elle n'avait pas emmené avec elle. L'amertume est toujours présente et la peur du lendemain aussi.
Annalia restera-t-elle cette fois ?
Et lui faire confiance, sera-t-il possible ?
Cette histoire sur fond de trahison nous emmène à la rencontre de Preston, jeune homme qui dirige l’exploitation agricole familiale et élève, seul jusque-là, un petit garçon. Il pensait avoir réussi à oublier la mère de son enfant, celle qui l'avait « trahi » 6 mois plus tôt et qui revient aujourd'hui : Annalia. Et même si ses sentiments devraient avoir changé, il n'en est rien : elle reste son point faible. Et ce depuis leur jeunesse, lorsqu'ils avaient 14 ans (avec son frère jumeau, Cole) et que malgré la différence de leurs deux mondes, des sentiments étaient nés.
"Ils adoraient rentrer chez eux, alors que moi je rêvais de quitter ma maison."
Pour mon plus grand plaisir, l'auteure démarre cette histoire alors que Lia a 11 ans et les jumeaux, 14 ans. Puis l'histoire évolue avec eux, en alternance de point de vue, avec l'apparition (ou la concrétisation plutôt) de leurs vrais émois amoureux 3 ans plus tard jusqu’à revenir dans le présent du prologue.
Preston est un jeune homme simple, discret et introverti qui a grandi dans un milieu plutôt aisé. Il est très attaché à sa terre natale et à sa vie telle qu'elle est. Protecteur avec Lia et amoureux d’elle depuis qu’il a 9 ans, il se sent prêt à attendre qu'elle grandisse. Alors que Cole, plus extraverti, rêve de partir loin, de faire toujours plus et de voir toujours plus de choses. Et concernant Lia, il n'a pas la même vision des choses, il veut l’emmener avec lui.
Annalia évolue dans des conditions de vie défavorisées. Elle a cette beauté naturelle des mexicaines, elle est inexpérimentée, simple, touchante et attachante. Elle a un bien piètre opinion d’elle-même et rêve d'une autre vie que celle de sa mère qui l'a élevée seule. Elle ne se trouve légitime dans aucune place, aucune amitié ; elle préfère rester en retrait pour ne gêner personne. Son esprit n’est que confusion et elle souffre du manque d'amour de celle qui prie pour qu'elle ne soit jamais venue au monde. Même si on comprend les raisons de cette "haine" maternelle, elle est difficilement acceptable. Et c'est très dur à lire. Malgré tout, Lia aime sa mère et l'aide comme elle peut.
"Le diable est parti au matin, mais il m'a laissé ses yeux.
Des yeux de démons qui me surveilleront et me maudiront pour le restant de mes jours. "
Et Preston et Cole vont tomber immédiatement sous son charme. La rivalité fraternelle ira jusqu'à faire d'elle l'enjeu d'un pari sportif. Avec tous les risques que cela comporte. De là, va découler et se construire une histoire comme je les aime.
"Si je gagnes, tu laisses tomber. Si tu gagnes, je laisse tomber. Serment fraternel"
Est-ce que ce sera la fin de leur pacte fraternel ?
Quelles seront les conséquences sur leurs vies de futurs adultes ?
Dans ce roman, l’auteure nous offre une histoire touchante avec des personnages authentiques. Chacun a ses faiblesses, des failles profondes et des blessures ouvertes mais des sentiments sincères les unis. Maladroits dans leurs paroles et dans leurs actes, ils vont apprendre de leurs erreurs de jeunesse. Ils vont devoir traverser des épreuves qui les feront mûrir.
Mia SHERIDAN nous dépeint, ici, la vraie vie avec ses bons et ses mauvais moments. Elle n’embellie pas la réalité de vies parfois rudes, pas de recette miracle à la résolution des problèmes qui vont jalonner le parcours de ces jeunes adultes. Et c’est ce qui fait que ce roman est vraiment complet et de qualité. Les personnages sont mis à rude épreuve de par leur manque d’expérience, leur jeunesse, la confrontation avec des situations que même adultes nous n’aurions jamais à connaître ; ils vivent une vie bien ancrée dans la réalité.
Des thèmes forts nous interpellent aussi au fil de la lecture : trahison, deuil, sentiments de culpabilité, rudesse de la vie agricole, conditions de vie et de travail d’une population migrante. Et ça m’a permis d’entrer encore plus dans cette histoire pour aller au fond des personnages quels qu’ils soient. Habituellement, on se focalise sur les personnages principaux en oubliant un peu les personnages secondaires qui sont quand même bien importants à une histoire. Mais ici, ce n’est pas le cas. J’ai ressenti que, quasiment, tous les thèmes abordés, impactés la vie de tous les personnages. Comme un ciment qui a pour finalité de faire réaliser, qu’en fin de compte, la souffrance commune est comme figée par les non-dits et le manque de dialogue. Cet apprentissage va se révéler long et éprouvant. Et ne sera pas sans larmes et remise en question.
Des moments de passion intense, de tâtonnements, de rendez-vous manqués, de tristesse mais aussi de bonheur s’entremêlent pour notre plus grand plaisir. La présence du petit Hudson, parmi tous ses adultes torturés, est importante et apporte cette petite flamme de vie qui fait du bien dans les moments de doute. Des rencontres aussi belles qu’inattendues vont survenir mais reste à savoir si elles seront suffisantes pour faire tomber les barrières, pour retrouver le chemin de la confiance en soi et en l’autre et pour enfin trouver sa place.
« Peut-être que Lia et moi étions condamnés à toujours nous rater. Comme deux personnes qui se cherchent dans l’obscurité »
Lorsque j’ai commencé ma lecture, j’ai pensé à un triangle amoureux mais ce n’est pas du tout le cas ; les apparences peuvent être trompeuses. Et il suffit d'avancer dans la lecture pour s’en apercevoir. Il n’y a pas de scènes gênantes seulement des faits qui interpellent, faut-il bien sûr entrer pleinement dans l’histoire.
« Oui, j’avais aimé les deux frères, de vrais jumeaux, mais seul l’un des deux m’avait rendue amoureuse. Je n’avais jamais appartenu qu’à l’un des deux »
De promesses faites en non-dits dévastateurs, la plume de l’auteure nous porte de la première à la dernière page au travers de tant de sentiments aussi confus que ceux des personnages. Et de là est né un beau coup de cœur pour moi, pour cette histoire dont la simplicité n’est pas du tout une évidence tant la complexité des personnages et de leur environnement évolue au fil des pages. Cette histoire sur la quête d’une reconstruction possible de l’amour perdu est à découvrir sans aucune hésitation.
« Nous avons fait ce petit garçon. Quand je le regarde, avec tes yeux et mon visage, il est la beauté qui renaît de ces cendres »