La bêta-lecture ! Une sacrée expérience
Bêta ou pas bêta, telle est la question !
Il y a un peu plus d’une semaine, j’ai évoqué en story Instagram, les projets que j’avais pour mon blog et ma page. De nouvelles rubriques, de nouvelles expériences ; bref, une tentative d’évolution de la piètre bookstagrameuse que je suis.
Le premier projet concernait de développer une rubrique occasionnelle consacrée à la littérature enfance et jeunesse. Il se mettra en place prochainement.
Le second projet concernait une expérience pour laquelle j’ai été plusieurs fois sollicitée mais déclinant cette opportunité à chaque fois. Pour quelle(s) raison(s) ? La peur de l’inconnu, la peur des critiques, la peur de ne pas être à la hauteur de ce qu’on attendait de moi, la peur de devoir dire des choses négatives, la peur … toujours la peur. Et surtout, je ne me sentais pas légitime dans cette démarche qui est une sacrée marque de confiance venant d’un(e) auteur(e) qui confie son bébé à l’état brut à quelqu’un avec qui il/elle ne parle que via les réseaux sociaux. Entre écrire une chronique et donner son avis sur un texte fraîchement sorti des pensées de quelqu’un, il y a un sacré fossé.
Et puis, un jour, une auteure de New Romance que j’affectionne vraiment, m’en a parlé à son tour. Pour des raisons de confidentialité, je ne vous dévoilerais pas son identité ici. Aussi bien elle aura changé d’avis en chemin J Et là, l’idée a fait son chemin et j’ai dit oui. Me voilà plongeant dans l’inconnu le plus total.
Si l’histoire s’arrêtait là ce serait vraiment simple et sans intérêt à ce stade. Peu de temps après, c’est une autre auteure qui m’a proposé de lire son histoire qui était en cours d’écriture. Une romance de Noël pour laquelle c’était une grande première pour elle. Et sachant que j’affectionne aussi cette auteure, que j’ai aimé le peu que j’ai pu lire de sa plume, je me suis dit « pourquoi pas ». C’était un peu comme me lancer un défi ; relever un challenge. Voilà comment je suis devenue une des « bêta-lectrice » de Isa LAWYERS pour son prochain titre qu’elle soumettra en maison d’édition (et pour rappel, qui a été publiée en auto-édition avec Stories by Fyctia pour « Camilove », chez BMR pour sa duologie « Jail me baby / Jail me please » et chez Hugo Poche pour son titre « Coupable I love you »). Maintenant que l’exercice est terminé et avec l’accord de l’auteure, je partage mon ressenti sur cette expérience atypique pour moi. Et ce n’est que mon ressenti personnel, n’ayant pas échangé avec les autres « bêta-lectrices » d’Isa, sur cette histoire.
A première vue, qui dit « bêta-lecture » peut vouloir dire tu lis une histoire, tu donnes ton avis et hop, l’affaire est pliée. Eh ben pas du tout ! Lire une histoire brute n’est pas forcément un parcours de santé. Ça demande de la concentration, un investissement important pour respecter les délais auxquels sont soumis les auteur(e)s et surtout ça requiert de ne pas s’emmêler les pinceaux quand on lit. Autant dire que je n’ai pas forcément brillé sur tous les points.
Lorsqu’Isa LAWYERS m’a fait parvenir son fichier Word, en bonne élève que je suis, je m’y suis attelée. Sauf que, déformation professionnelle oblige, j’ai commencé à relever tout ce qui n’allait pas, selon moi, et en notant soigneusement les petites erreurs orthographiques, de syntaxes, de phrases que je n’arrivais pas à comprendre telles qu’elles étaient formulées, bref… Dans l’histoire de « Le lièvre et la tortue », j’avais décroché la palme dans le rôle de la tortue. Et pour cause, je n’avais pas lu correctement le mail de l’auteure et je me suis gentiment vautrée dans ce début de tâche.
Heureusement, le tir a été vite rectifié lorsque je me suis rendue compte de mon erreur et j’ai donc arrêté « les dégâts » et me suis concentrée sur la lecture simple de l’histoire ; même si ça me démangeait sérieusement ; la langue française et moi c’est une longue histoire J. Du coup, changement radical de procédé : j’ai éteins mon ordi et j’ai lu, non pas sur ma liseuse – j’aurais été capable de mettre des marque-pages J - mais sur ma tablette. Comme ça, aucune tentation possible.
J’ai donc lu l’histoire d’une traite (ou presque, lorsque je ne m’endormais pas sur ma tablette, les lunettes sur le nez que j’ai retrouvé légèrement tordues le lendemain matin). Et puis, nous avons beaucoup échangé avec l’auteure sur ce qui me titillait un peu, ce que je trouvais excessif et pas trop crédible, sur ce qui me semblait en trop ou qui pouvait manquer pour renforcer l’ambiance, les personnages, etc... Je me suis surtout positionnée en tant que chroniqueuse exigeante qui viendrait chercher la « petite bête » pour émettre un avis négatif. On n’imagine pas ce qui peut se passer dans le cerveau d’une chroniqueuse et de certaines chroniqueuses surtout J
C’est un exercice qui est loin d’être facile et heureusement, Isa LAWYERS est une auteure qui est vraiment à l’écoute des remontées (positives ou négatives), très ouverte au dialogue, au point de vue, aux arguments qui peuvent lui être apportés. Qu’elle en tienne compte ou non, là n’est pas la question ; c’est son livre, pas le nôtre. Quand on se lance dans cet exercice, il faut garder à l’esprit que les remarques sont là pour aider l’auteure sur des choses qu’elle ne verrait peut-être pas d’elle-même. Et les auteures en ont parfaitement conscience. Une auteure qui ne peut accepter les défauts relevés ou les critiques, ne doit pas faire appel à une bêta. Mais surtout, on n’est pas là pour réécrire l’histoire ; ce n’est pas notre job. Cette ligne-là, je ne pense pas l’avoir franchi à quelque moment que ce soit.
J’ai beaucoup échangé avec Isa, la taquinant sur un nombre indécent de répétition de l’expression « ricané-je ». Ça fait partie de ces moments où on prend le parti d’en rire plutôt que de se vexer. J’imagine qu’un(e) auteur(e) concentré(e) sur son histoire ne tient pas les comptes en matière de répétition de mots. Et la « bêta-lectrice » est justement là pour relever ce genre de coquille qui alourdit une histoire, qui saute aux yeux et qui peut agacer les plus pointilleuses.
Il m’est arrivé quelque fois de lui dire qu’elle y allait un peu fort avec certains mots, certaines scènes, certains comportements, etc… Pas une fois, elle ne m’a envoyé « sur les roses ». Je la soupçonne d’avoir tout soigneusement noté ; ce qui est un peu normal mais pas obligatoire.
Je me suis permise de faire remarquer que le début de l’histoire me perturbait un peu, surtout quant au ressenti des futures lectrices. Elle n’a pas tiqué du tout et à apparemment retravaillé ce morceau qui me semblait comporter une faiblesse. Donc à voir J
J’ai compris que toute remarque était importante mais que le temps pressait. C’était une des craintes de l’auteure : ne pas pouvoir soumettre son manuscrit en heure et en temps, en plus de devoir retravailler entièrement son texte selon les remarques. Je ne pense pas qu’elle en soit arrivée là. J’ai accéléré le rythme – mettant mes lectures de côté - pour lui donnait un maximum de ressenti pour qu’elle boucle son envoi à son éditrice. C’est vrai que j’ai eu à cœur de faire tout mon possible pour être juste et franche car je suis certaine que cette histoire a un beau potentiel sortant un peu des sentiers battus tout en respectant les codes des romances de Noël. Une histoire atypique loin des clichés habituels de ces romances saisonnières.
Mon rôle s’arrêtant là, je ne sais pas quelle suite sera donnée par la Maison d’Edition (favorable ou défavorable) et si ce titre verra le jour prochainement en librairie. Le meilleur que je peux souhaiter à Isa LAWYERS, c’est que son travail soit récompensé à hauteur de sa passion et de son investissement, avec l’édition de cette histoire vraiment bien imaginée. Après un beau travail éditorial, elle se laissera déguster telles ces douceurs que nous aimons tous/toutes déguster.
J’ai adoré cette expérience basée sur l’échange et la confiance ; ça a été un moment intense mais qui m’a apporté énormément. Je n’ai aucun regret d’avoir dit OUI à quelque chose qui me semblait inconcevable. Si l’occasion se présente pour vous, n’hésitez pas à dépasser vos peurs et vos appréhensions. Comme on dit : « le jeu en vaut la chandelle » !
Je me suis amusée à rédiger une chronique du texte brut tel que je l’ai lu – donc avec les imperfections que j’ai pu relever et avant travail éditorial éventuel -, que je ne dévoilerais pas dans son intégralité par souci de confidentialité du contenu et de respect de l’auteure. Mais je vous en partage quelques passages :
C'est avec une romance atypique et décalée qu'Isa LAWYERS fait ses premiers pas dans le genre "romance de Noël". Une première pour l'auteure de "CILY" qui est une lectrice novice de ce style de lecture. Donc le challenge s'avère audacieux et intéressant.
C'est sur une histoire de base peu abordée en romance que cette histoire pose ses fondations. La prise de risque est certes grande car il est difficile d'imaginer, de premier abord, que ce roman puisse être classé en romance de Noël.
Dans cette histoire, l'auteure a soigneusement imaginé un contenu qui peut décontenancer au premier abord mais auquel on s'attache très vite tant les événements s'enchaînent parfaitement. Scindée en ce que je qualifierais de deux parties, on pourrait ressentir quelques longueurs sur la première qui est le fondement nécessaire et solide de la deuxième qui va y reposer dessus.
Elle ne s'engouffre pas dans l'image classique des romances de Noël à clichés (hormis un mais qui un incontournable). Et elle nous offre là, une histoire toute en tendresse où la sensualité n'est, néanmoins, pas laissée pour compte. De jolies scènes se déroulent sous nos yeux pour une lecture où la douceur de cette période de l'année est parfaitement mise en avant.
Tous les événements de vies des personnages sont soigneusement détaillés, sans précipitation pour que l'écriture ne semble pas que survoler l'ensemble. Les chapitres nous laissent sur notre faim jusqu'à ce qu'un nouvel élément soit dévoilé ou apporte son grain de sel au déroulement.
C'est sous une écriture confirmée et parfaitement maîtrisée que l'auteur a donné vie à une histoire qui cache en son cœur de beaux messages. Ses personnages sont vrais, sans faux-semblants, ils nous attendrissent comme ils peuvent nous agacer et ils nous prouvent que quelque part, la solidarité et les sentiments vrais et sincères existent. Il suffit juste de les trouver au bon endroit et au bon moment.
Ce roman, en l’état actuel de lecture, est vraiment une belle découverte que l'on savoure tel un bon chocolat de Noël. Il fond doucement en nous pour terminer en une agréable explosion émotionnelle.
La fin est à la hauteur de ce qu'on peut attendre, sans fausses notes. Et elle nous laisse comme un sentiment de plénitude qui nous force à reconnaître que ça fait du bien de lire des histoires qui sortent des sentiers battus tout en respectant les codes de la romance.