Les dessous de ....... "49 jours" de C.S QUILL
1 - Il semblerait que ce projet a commencé à trotter dans ta tête en 2017. Et nous sommes en mars 2019, mois de sa parution ! Projet mûrement réfléchi ?
L’inspiration est un processus très particulier. Je m’attache parfois à un mot qui me fait frissonner, à un bout de phrase qui s’imprime tout à coup dans ma tête, à un dialogue passionné entre deux personnages sans identité… C’est comme ça que ça a commencé avec ce livre. Avec Breen, qui m’a d’abord inspiré un sentiment d’amour et de fragilité. Entre le moment où l’idée a germé dans mon esprit et sa parution deux ans plus tard, j’ai laissé Breen s’installer doucement dans ma tête, me murmurer tout ce qu’elle avait à me confier. Il m’a fallu du temps pour la cerner et être capable de faire ressortir toute sa complexité. J’ai eu d’autres publications pendant ce laps de temps, peut-être avais-je aussi besoin de grandir encore un peu avant de pouvoir retranscrire tout ce que Breen avait à dire.
En 2017, j’ai écrit le Jour 1 et le Jour 49. Et puis un jour, j’ai ouvert mon cahier et j’ai enfin commencé à compter…
2 – La plus grande partie du livre se déroule en Bretagne, à Camaret, alors que tu vis dans le Sud. Frappée par la nostalgie d’un souvenir de voyage scolaire ?
Je ne suis jamais allée en Bretagne… Quand j’entame une nouvelle histoire, je n’ai pas le sentiment de « choisir ». C’est peut-être difficile à concevoir, tout autant à expliquer, mais j’ai toujours ce sentiment que le personnage central vient toquer à la porte de mon esprit, entraînant avec lui son tempérament et l’endroit où il vit. Quand Breen s’est présentée, je la voyais près de l’océan, entourée de falaises et de vent. Et pour la première fois, je la sentais plus près, en France… Alors j’ai cherché pendant des heures quel endroit me parlerait et j’ai découvert Camaret.
3 – Le personnage masculin, Sawyer est anglais. As-tu voulu rendre hommage à un boyfriend britannique (Harry, William, dis-nous tout) ?
Hum… si je devais évoquer un boyfriend britannique, ce serait sans conteste Robert Pattinson (#teamEdwardforever). Plus sérieusement et en toute transparence, le personnage masculin est celui qui m’a donné le plus de fil à retordre au départ. J’étais tellement connectée à Breen, que j’ai eu du mal à laisser une place à Sawyer. Je n’arrivais pas à lui donner un visage, ni même un prénom. Il m’a fallu du temps, comme il en a fallu à Breen… Pourquoi un anglais ? Pour contrebalancer le tempérament si particulier, quoi de mieux que le flegme et l’humour british !
4 – Tu abordes un thème fort et poignant dans ce livre mais nous ne le citerons pas bien sûr pour ne pas spoiler. Difficile à écrire ?
Plus d’une fois, j’ai eu besoin de faire une pause en plein paragraphe, d’aller faire le tour de mon jardin pour me changer les idées et faire ralentir mon cœur. Je me souviens que mon stylo tremblait, que mes doigts ripaient sur le clavier. L’écriture de ce livre est l’expérience la plus intense que j’ai connue.
5 – Le personnage féminin, Breen est un personnage fort. As-tu vécu au rythme de ses bonheurs ou galères ?
J’ai donné vie à plusieurs personnages depuis que mon aventure littéraire a commencé, mais Breen est la plus spéciale. La plus fascinante, parce que je n’avais jamais ressenti tant d’émotions au sujet d’un personnage fictif… Et c’est peut-être là, l’élément différent avec elle : elle est comme une amie précieuse qui vivrait quelque part et que je connais sans avoir besoin de la voir. C’est dingue dit comme ça, mais c’est ainsi que je l’ai vécu pendant ces longs mois d’écriture et encore aujourd’hui.
6 – Le mystère qui entoure ce que j’appelle « la malédiction émotionnelle » est savamment écrit. Exercice d’écriture difficile au risque de se spoiler toute seule ?
C’était tout le pari de ce livre : alterner passé et présent, superposer les relations, les entremêler sans jamais les confondre tout à fait. Arriver à la dernière page et avoir besoin de recommencer depuis le début. J’ai fait attention aux tournures, aux métaphores, aux sentiments, à tout ce que j’aime utiliser mais qui, ici, pouvait tout gâcher. J’ai pris mon temps, je me suis appuyée sur deux bêtas extraordinaires. J’ai douté, j’ai relu vingt fois, j’ai croisé les doigts. Je me souviens m’être dit plusieurs fois que, si j’arrivais à venir à bout de « 49 jours », je pourrais venir à bout de tout.
7 – L’histoire est vraiment poignante. As-tu songé à arrêter, parce que ça aurait pu devenir difficile, pour la remettre au fond d’un tiroir ?
Il y a toujours un moment où un auteur a envie de brûler son ordinateur, mais je n’ai jamais eu envie d’arrêter cette histoire. Tout simplement parce que Breen était tout le temps avec moi et que j’avais besoin d’aller au bout des choses. J’ai compté les jours en même temps qu’elle, il fallait que j’essaie coûte que coûte d’atteindre ce 49ème jour moi aussi…
8 – Le scénario de ce roman est vraiment très original et parfaitement construit. Sorti tout droit de tes rêves ?
Je réfléchis très souvent à la signification de l’amour, à son rôle, à ce qu’on en attend à différents moments de nos vies. Je ne me souviens plus précisément de la manière dont ce puzzle de 49 pièces s’est mis en place, l’inspiration est difficile à expliquer, c’est une succession de petites idées qui surgissent et disparaissent aussitôt. Je ne sais plus, mais ce que je sais, c’est que je voulais parler de l’amour d’une façon différente. Pas uniquement au travers d’une rencontre, mais aussi de manière plus fondamentale.
9 – Ce roman est vraiment très différent de tout ce que tu nous as proposé jusqu’à présent et il paraîtra dans quelques jours chez Hugo Roman. As-tu hésité à le proposer en édition ?
La tonalité est très différente de mes précédents livres, comme à chaque fois en fait. D’une certaine manière j’avais hâte de lever le voile sur une autre facette de mon écriture, mais c’est aussi le premier livre qu’il m’a été difficile de partager. J’ai vécu au plus près de Breen pendant des mois et une part de moi a eu envie de la protéger du reste du monde.
10 – Dans ce livre, il y a plusieurs petits indices qui titillent tes lectrices sans que finalement ça ne les aide vraiment. Est-ce que ça te fait plaisir de nous torturer ainsi ?
Oui, je ne vis que pour faire du mal aux pauvres lecteurs/trices ! Cela dit, estimez-vous chanceux/ses que mon éditrice m’empêche de tuer tous mes personnages !