La dette / Marjy Noname
Lorsque j'ai accepté ce Service Presse, j'étais loin d'imaginer ce que ce roman contenait. A la base, je pensais que Marjy s'était lancée dans un roman policier, à la couverture oh combien canon, et je voulais la découvrir autrement. Sauf que ..... j'avais faux sur toute la ligne.
On est bien en présence d'un genre "romantic suspens à tendance érotique" et je peux déjà vous dire que c'est une jolie petite bombe dans le genre. J'avais adoré FIVE et là c'est à nouveau un carton plein pour cette nouvelle histoire de Marjy. Formidable coup de cœur !
Merci à Célia pour l’envoi de ce Service Presse !
C'est à Milwaukee, qu'on découvre dans quel pétrin s'est mise Sélenne, 6 ans plus tôt avant que l'histoire ne se dévoile vraiment. Brillante hackeuse de 17 ans – un peu la Pénélope Garcia de Criminal Minds -, prise dans les mailles du FBI, elle a été obligée de collaborer avec eux pour gagner sa liberté et celle de son frère Elias, qui travaille pour la mafia russe. Officieusement, elle était emprisonnée.
« Travaillez pour nous pendant 6 ans ou partager une cellule minuscule avec une ou deux autres prisonnières qui feront de votre vie un enfer »
Arrivée au terme de ce "contrat", elle a 23 ans et une dernière mission, d’infiltration cette fois, lui est imposée pour signer définitivement sa liberté et une nouvelle vie : faire tomber l'organisation d'Anton YOURENEV, chef de la mafia russe et employeur de son frère, avec qui elle doit reprendre contact pour intégrer les méandres russes. Dans cette tâche, elle sera "assistée" par un collègue, Rick, connu pour ses résultats impressionnants mais contestables et avec lequel les relations sont plus que tendues.
« Je ne me laisse pas intimider par ce mec. Si je lui permets de prendre l’ascendant dans notre relation de travail, il en profitera tel un requin sentant le sang »
Sauf que lorsque Elias, l’ancienne maîtresse d’Anton et ¼ de million de dollars disparaissent, Sélenne va se trouver dans un pétrin sans précédent. Anton compte bien lui faire payer la dette laissée par son frère. Une immersion dans un monde de chantage et de terreur commence. Mais plus, si affinités !
Quel sera le prix à payer par Selenne pour recouvrer liberté et sérénité ?
Sera-t-elle assez forte pour supporter la réalité d'un monde sans pitié où tous les coups sont permis ?
Marjy se lance dans une immersion en terrain risqué où la romance et le suspens sont parfaitement dosés à part égale. Où il n'y a aucune fausse note d'écriture ou de construction. La base de ce roman tient en grande partie sur le thème du mensonge. Sélenne a toujours menti, non pas par choix délibéré mais par obligation imposée par un instinct de survie. Et sa relation avec Anton débute sur un mensonge, lui qui voit le mensonge comme une trahison. Alors venant d'une femme et s’il venait à le découvrir, l'histoire pourrait bien être jalonnées d’embûches, d'un bout à l'autre.
Ce n'est pas une dark romance telle que moi je conçois ce style mais ce n'est pas une douce romance à l'eau de rose. Compte tenu du contexte, les ¾ de l'histoire se passent dans un huis-clos nécessité par l'ambiance sombre du club "Les 7 péchés capitaux" (quelle belle trouvaille que ce nom !") ; lieu stratégique de toutes les affaires douteuses et illégales qui s'y déroulent : prostitution, drogue, strip-tease, combats clandestins, transactions financières, blanchiment d'argent, règlements de comptes, etc.... Rien qu'avec le nom on imagine, sans difficulté, ce qui nous attend.
« Mon Club est voué aux péchés capitaux, j’ai donc fait en sorte d’offrir toutes les tentations possibles. Plus on s’enfonce dans les tréfonds, plus il faut payer pour avoir le droit d’assouvir ses fantasmes et tomber dans la dépravation »
Hormis Sélenne, l'ensemble des personnages ne fait pas partie de relations très fréquentables. Dans ce monde où la trahison rime avec punition, les plaisirs ne se prennent pas de la même façon que pour tout un chacun. Un monde à part pour des gens à part, mené sous la poigne de fer et sans pitié d'Anton, le grand ponte de toute cette machine bien huilée, assisté de son fidèle bras droit et ami, Youri.
Anton, charismatique trentenaire russe, riche, impitoyable en affaires et même pas repoussant, ce qui aurait mieux fait passer la pilule pour ne pas s'attacher à son côté Bad boy. Intransigeant avec le respect de la valeur "famille" (de cœur surtout dans l'histoire présente), quiconque osera toucher à ce qui lui appartient devra s'attendre à des représailles. Il n'y a pas vraiment de juste mesure avec lui ; il n'est pas homme à se remettre en cause pour changer, même pour une femme. Tout le monde lui doit respect et allégeance.
« Ma vie n’est pas rose, ce n’est pas un conte de fées. Je suis le méchant, elle n’est pas une putain de princesse »
Sauf que de sa rencontre avec Sélenne pourrait bien s'élever un vent nouveau, un vent chaud, qui remplacerait celui aussi froid de sa Sibérie natale, qui a figé ses certitudes dans des pratiques et sentiments dignes d'un passé un peu Moyenâgeux.
« Cette nuit, Sélenne est ma proie. Je ne la lâcherai pas tant que je ne serai pas rassasié »
Sélenne, représente la jeunesse indépendante et courageuse ; prête à tout pour ceux qu'elle aime. Si elle en est là aujourd'hui, c'est bien parce qu'elle est entière et qu'elle n'a pas froid aux yeux. Même dans les moments de pires sévices, elle est forte. Ne cherchez pas en elle le côté nunuche ; c'est peine perdue.
« Entre mes gars, elle a l’air d’une poupée, mais elle ne semble pas effrayée. Georgy hausse les épaules pour me faire comprendre qu’ils ont bien secoué la nana, mais pas de larmes, pas de cris, rien »
Elle a une certaine fraîcheur de langage qui prête, à de nombreuses reprises, à sourire. Ça allège le manque d'humour côté russe que l'auteure a parfaitement soigné. Elle se révèle être celle qui ose tenir tête à Anton, trop habitué à ce qu'on lui obéisse au doigt et à l'œil (au risque d'y laisser un doigt justement). A ses risques et périls ; où ça passe ou elle trépasse.
« Elle m’a ignoré complètement, pas un regard, pas une parole. Je n’aime pas être invisible, moi, le Boss »
Vous imaginez bien qui si romance il y a, c'est qu'elle ne trépasse pas. Ça, ça ne relève pas du spoiler. Et la romance est judicieusement mise en place, avec de très belles et nombreuses scènes très bien écrites, pour se mêler, avec cohérence et respect des enchaînements, à la partie suspens. Là, j'avoue que je suis agréablement surprise par toute la trame choisie par l'auteure. Perso, je ne suis pas lectrice de romans policiers. Mais là, il n'y a pas d'autre moyen que de se laisser prendre au piège de la plume sûre et maitrisée qui malaxe tous les ingrédients préparés pour en faire une histoire hautement addictive.
Les personnages sont très bien construits, même les pires ; il y en a un, OMG le pauvre, qui prend plus cher que les autres sous la plume hautement punitive de Marjy. Anton et Selenne ne sont pas des girouettes qui oscillent continuellement entre "je t'aime, je ne t'aime plus". Ils se découvrent des sentiments nouveaux et parfois interdits ; et c'est toute l'évolution de comment ils vont être capables d'appréhender ces changements tout en restant fidèles à ce qu'ils sont et en leurs convictions, qui est prenante. Le monde des Bisounours et des licornes n'existe pas dans ce coin de Milwaukee où le Bad boy de service ne se transforme pas en deux chapitres en un prince charmant guimauve et que le jeune femme au caractère aussi haut en couleur que sa chevelure a décidé de ne pas se laisser diriger, quoi qu’il lui en coûte.
« Je ne pensais pas autant apprécier ces moments. Je me devais d’être la victime offerte en pâture au monstre. Je devrais être honteuse et mal dans ma peau. Mais non ! »
Vous prenez une bonne dose de mensonges, de trahisons, de corruptions, de jalousie, de guerre de clans, de tortures et de vengeance. Vous y ajouter une dose égale de trouble, d'alchimie évidente et de sensualité pour la belle touche lumineuse et torride (limite érotisme mais soft). Et vous obtenez un cocktail explosif qui apporte une bonne dose d'adrénaline émotionnelle à votre lecture.
Si vous aimez les romances ni trop douces, ni trop hard, « La dette » est assurément l’histoire qu’il vous faut. Dans la digne lignée de sa sœur aînée « Five », elle permet à Marjy Noname de se hisser dans le Top10 de ces auteures que je redécouvre, avec plaisir, à chaque nouveau roman. Alors qu’attendez-vous ? Foncez !