Mille livres en tête

Mille livres en tête

Visions / Flora ARMONIE

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Ça faisait un petit moment que "Visions" de Flora ARMONIE me faisait de l'œil. Suggestions Amazon, nombreux posts et avis positifs ont su me convaincre de me plonger dedans. Et cette couverture épurée, je n'en parle pas ; tout ce que j'aime. Sauf que.... j'ignore comment j'ai lu le résumé ; sûrement pas correctement Bouche cousue


Après un prologue qui annonce la couleur, ma rencontre avec Leona, 17 ans, lycéenne en littéraire à Paris s'est faite à la veille des résultats du baccalauréat. Ce graal tant espéré pour se voir accorder, par ses parents, le droit d'une année en tant qu’étudiante échange, dans une famille, aux États-Unis.

 

« Je veux vivre au jour le jour. L’après, je ne veux pas y penser : il faut que je parte »

 
Ce projet est mûrement réfléchi depuis de longs mois et  motivé par le besoin de quitter un quotidien étouffant, parfois oppressant. Car Leona n’est pas une adolescente comme les autres : elle a une particularité. « Elle est sujette à des visions : régulièrement, elle voit le passé et l'avenir de ses proches, sans pouvoir contrôler quoi que ce soit. Elle a tenté d'en parler à ses parents, mais face à leur incompréhension, elle a muselé ses interrogations et passé sous silence ses apparitions ». Donc, elle doit s’éloigner pour voir si elle peut vivre une vie normale. Pour voir si ses cauchemars, d’un homme qui la poursuit chaque nuit, disparaissent.

 

C’est la famille Anderson qui, à Glenwood dans le Minnesota, va l’accueillir de manière chaleureuse et familiale. Leona fréquentera le même lycée que les enfants de la famille, découvrira l’art de vivre à l’américaine et toute une communauté bien différente de la France. Mais pas que ….. !

 

Qui est cette personne que Leona fuit toutes les nuits ?

Particularité ou don, l’apaisement identitaire sera-t-il au bout du voyage ?

 

En attaquant cette lecture, je ne m’étais pas vraiment attardée sur son genre littéraire : univers alternatif mêlé à du Young Adult. Je me doutais que ce ne serait pas une New Romance mais j’étais loin d’imaginer que je me lançais dans un univers de lecture que j’évite car j’ai toujours peur de tenter et de me perdre en cours de route. Le début ne laissait rien présager mais lorsqu’est arrivée la phase US, le doute s’est installé. Mais j’avais commencé et il était hors de question que je m’arrête sur des à-prioris. Quelques jours auparavant, j’avais regardé un film qui ne fait pas non plus partie de mon genre cinématographique et j’avais adoré, donc…. ! Résultat : la liseuse a chauffé jusqu’à 3 h du mat’, c’est dire si j’ai eu raison de ne rien lâcher.

 

Passée la peur d’être entrée dans un style « Twilight » - dont je n’ai vu qu’un épisode -  c’est bel et bien une histoire très originale que nous conte l’auteure, basée sur des phénomènes plus qu’étranges ; mais de ceux qui ne font pas forcément peur. En tout cas, ça ne m’a pas effrayé plus que ça. J’emploie volontairement le verbe « conter » car au-delà de certains aspects sombres, j’ai ressenti comme une certaine poésie et une certaine magie euphorique dans ce roman. On explore des sphères inconnues qui flirtent avec des légendes gaéliques et je trouve que ça rend la lecture moins classique et très addictive.

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La jeunesse des personnages principaux fait qu’il est normal de s’attendre à une certaine innocence et spontanéité. Sauf que vu le contexte, l’exercice se révèle difficile pour Leona surtout. Elle vit avec ses visions et doit être dans le contrôle permanent pour maîtriser ses réactions et comportements. Et lorsque les premiers émois amoureux se matérialisent sous les traits du beau Soren, capitaine de l’équipe de foot, autant dire que l’histoire va prendre une tournure inattendue. Il y a un « on ne sait quoi » qui les attirent l’un vers l’autre et c’est un des éléments qui nous porte tout au long de l’histoire.

 

« Je déglutis quand je vois son torse nu et ses abdos sculptés, hypnotisée par le jeu de muscles sous sa peau »

 

En France, Leona se sent un peu incomprise ; aux Etats-Unis, elle semble être comme dans son élément. L’auteure a parfaitement su faire ressentir cette différence et forcément, très vite, le côté mystérieux l’emporte. Et les pages tournent, tournent encore ; à un rythme vraiment soutenu. N’étant pas vraiment rôdée à ce style et grâce à la plume acérée de l’auteure, je n’ai rien vu venir. Même quelqu’un qui a l’habitude, devra reconnaître que Flora maîtrise bien son sujet. Sauf peut-être les plus exigeant(e)s.

 

L’enchaînement de cette histoire est parfaitement travaillé grâce à une succession cohérente d’évènements qui transforme cet échange étudiant en une véritable quête identitaire où chaque tranche de vie a son importance. Je redoutais qu’il y ait des choses surnaturelles voire bizarres ou beaucoup de personnages et d’avoir du mal à suivre. Bien sûr, il y a un peu de tout ça mais Flora a construit son histoire et créé ses protagonistes de manière à ce que son roman soit à la portée de tous ; et donc, lecture facilitée pour moi.

 

Les personnages sont touchants et attachants – bon pas tous, n’exagérons pas - ; surtout la famille Anderson qui accueille une étrangère comme si elle était leur propre fille. Cela peut paraître étrange et surprenant mais l’auteure a bien dosé cette façon d’être pour qu’on n’ait pas l’impression que les membres de la famille en font trop, trop vite et qu’on comprenne bien leur rôle dans tout ça : l’accompagnement de Leona jusqu’à la levée du voile qui recouvre son histoire. Rosie, Aden et Mason apportent une touche colorée et humoristique avec des bons moments de sourires dont eux seuls ont le secret.

 

« Regarde, on a la même ! Si on part sans, ma mère nous découpe et nous fout dans le four »

 

Il y a aussi Holly dont je ne vous dirais rien de particulier mais pour laquelle j’ai été très énervée contre Flora, à un moment précis. Et Soren, est-ce que je vous en parle ? Ce personnage est énigmatique, au point de craindre à notre santé mentale à la fin de l’histoire, tout en étant craquant. Bon, oui il est jeune ;  je passe donc mon tour ! Mais l’auteure l’a vraiment peaufiné en profondeur. Il est beau, il est sportif, il a de l’humour, bref vous voyez le style : il a tout. Grâce à Leona et lui, on assiste à l’éclosion d’une love story pleine de sentiments nouveaux et parfois inapprivoisables. Ce qui apporte une belle part de fraîcheur au fil des chapitres et de retournements insoupçonnables.

 

« Mon ventre se tord à chaque SMS que je reçois. En fait, ce ne sont pas des papillons, mais une torture »

 

L’auteure a créé de toutes pièces un beau puzzle littéraire qui se dessine subtilement et sans aucune difficulté pour aboutir à une magnifique œuvre dans le genre. Vous me direz : elle n’y connaît rien, qu’est-ce qu’elle en sait ? Je sais que Flora ne m’a pas perdue ; bien au contraire, elle a su me captiver jusque tard dans la nuit, si ça ce n’est pas un signe positif. Au final, « Visions » est une très belle entrée en matière pour les débutantes en fantasy et je serais prête à tenter à nouveau l’expérience – dans une moindre mesure, bien sûr -, c’est que le pari est donc gagné.

 

Moi qui ne suis pas une adepte de Young Adult, ni de Fantasy, je lui attribue un très beau coup de . Elle a su mettre ce roman à ma portée, j’ai passé un bon moment de lecture, je n’ai pas lâché le fil, ni le roman ; donc, je suis heureuse d’avoir persévérer pour que se fasse cette rencontre. Je ne peux que terminer en vous disant : foncez !



23/05/2020
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